Quelles sont les caractéristiques de ces personnes considérées comme plus vulnérables ? Comment les sectes procèdent-elles auprès d’elles ? Comment lutter contre ces pratiques des mouvements sectaires ? Il s’agit d’un des volets du dernier rapport français de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ((MIVILUDES, 24 avril 2013) que nous nous proposons d’analyser brièvement, dans la ligne de la loi belge du 26 novembre 2011 visant à incriminer l’abus de la situation de faiblesse et à protéger les personnes vulnérables contre les pratiques des organisations sectaires nuisibles.
{{Les personnes âgées, des proies faciles}}
Les membres d’organisations sectaires prennent plusieurs éléments en considération : le grand âge de la personne (surtout à partir de 80-85 ans), le genre (les femmes en particulier), l’isolement et l’état de faiblesse physique, psychique ou intellectuelle. Mais ce sont les personnes malades qui font l’objet de toute leur attention et à qui ils vont offrir des thérapies miraculeuses et des solutions inespérées là où la médecine traditionnelle ne laisse guère d’espoir de guérison.
Ainsi, vantant les soins dits «énergétiques» qui consistent à capter les énergies cosmiques et telluriques pour les transmettre au patient lors des soins, ils vont commercialiser des appareils qui n’ont jamais été validés scientifiquement – leurs prix varient entre 10.000 et 15.000 euros – ou vendre des formations à 400 euros (2 jours) et à 950 euros (5 jours). Ils promettent des résultats immédiats, une solution ou un bon soulagement dans la plupart des cas. Les situations de rupture et de deuil sont constamment épiées et analysées.
Méthodes de contact et de persuasion
Dans la réalité, ce ne sont pas de grandes organisations mais des petits groupes rassemblés autour d’un individu, leader ou gourou, qui visent l’argent (dons, legs) bien plus que le recrutement de membres. Utilisant leurs méthodes habituelles – phase d’approche, phase de séduction et phase de soumission- les adeptes de ces organisations commencent par un repérage des personnes âgées vulnérables, frappant à toutes les portes des maisons. S’ils peuvent entamer une discussion et susciter l’intérêt, ces prosélytes s’insinuent progressivement dans la vie des seniors, gagnent leur confiance et tentent d’éloigner les familles afin de s’approprier les biens.
A noter que l’emprise progressive peut se réaliser aussi grâce à un «coaching» visant à «dynamiser ou accompagner» la personne faible, recourant à des communications téléphoniques surtaxées. En outre, les personnes âgées qui vivent des situations de deuil les rendant réceptives aux paroles de réconfort et d’espoir, font l’objet de repérages systématiques par la consultation des annonces nécrologiques ou d’observations dans les cimetières.
Aujourd’hui, il semble que le recrutement s’opère de plus en plus dans des maisons de repos où quelques employés adhèrent à des mouvements sectaires ou pseudo-thérapeutiques. Certaines formations suivies par ce personnel peuvent être organisées de façon occulte par des mouvements sectaires et avoir des répercussions sur les résidents. Enfin, il faut souligner le rôle des visiteurs bénévoles, aux objectifs mensongers : ils prennent contact avec les personnes âgées en offrant des médailles miraculeuses ou des objets religieux qui n’ont comme seul but d’enlever toute méfiance et de permettre des contacts intensifs ultérieurs.
source : Gérard De Coninck
Docteur en criminologie
http://www.secunews.be/fr/news.asp?ID=1544