Selon un sondage1, 62% des Français considèrent que les mouvements sectaires sont une menace importante pour la société et 20% disent connaître au moins une personne qui en a été victime. Le fait que le sujet soit largement tu par les politiques est loin de mettre en doute l’existence des déviances sectaires. Elles sont bien présentes et la prétendue fin du monde annoncée en 2012 avait d’ailleurs suscité une vigilance accrue des pouvoirs publics sur les groupes identifiés. Car voilà l’un des nœuds de la problématique : l’identification. Comment les repérer ? « J’avais 50 ans, je venais d’apprendre que je devais me faire opérer de la cataracte, cela me terrorisait. » Ainsi commence la descente aux enfers de Léa, 69 ans. Elle se remémore avec émotions cette première rencontre : « un collègue de travail a vu que j’étais en situation de fragilité, il m’a dit qu’il connaissait quelqu’un qui pouvait me guérir sans passer par le bloc opératoire. » Comme des milliers d’autres victimes, Léa est séduite par la proposition. Elle se rend dans cette secte japonaise guérisseuse et apocalyptique et « reçoit la lumière » : « nous devions réciter par cœur un charabia en japonais, et faire des offrandes libres, je déposais une dizaine d’euros par jour. » Un an durant, elle côtoie cette « nouvelle famille » comme elle la nomme : « un jour je me suis sentie redevable de toute cette lumière que je recevais et j’ai voulu aussi la donner. » Elle part en formation à Marseille pour se faire initier. « A partir de là, j’ai eu mon déclic, particulièrement devant ce très jeune homme à qui je devais transmettre la lumière : il était dans un tel état de nervosité, il tremblait comme une feuille, je me suis dit que je ne pouvais avoir un tel pouvoir sur autrui. Le doute s’est alors immiscé dans mon esprit. » Quelques jours plus tard, alors qu’elle est au volant avec sa fille, elle manque de peu de renverser un piéton, qu’elle n’avait tout simplement pas vu, sa vision non traitée se dégradant. « Ayant subitement compris à quels dangers je m’exposais et j’exposais les autres, j’ai quitté le groupe. Ils ont essayé plusieurs fois de me faire revenir en envoyant des adeptes traîner autour de chez moi et en m’appelant par téléphone. »
source : LE JOURNAL TOULOUSAIN.FR