BORDEAUX, 15 fév 2012 (AFP) – L’expert psychologue, le Dr Salim Hachouf, a noté que Bernard Boumedine et sa femme Valérie, partie civile, comme leurs voisins, Michel et Eve D., « n’avaient pas de vie sociale particulière », et que « le fonctionnement un peu autarcique de ces couples est le ferment » de ce qui a suivi : des violences ou viols à huis clos, sur fond d’un « niveau de naïveté (des victimes) qui me paraît ahurissant », a jeté l’expert.
L’expert psychiatre, le Dr Dominique Dandelot, a aussi noté « le vase clos qui va s’installer petit à petit » entre les protagonistes.
Le Dr Hachouf a noté aussi les « fragilités identitaires » de Valérie et des D., « leur fonctionnement dépendant, passif, qui ont rendu la tâche moins compliquée pour M. Boumedine », et le Dr Dandelot « les indubitables traits de vulnérabilité » des victimes, peu sûres d’elles.
Le psychologue a cependant résisté à l’avocat du couple D., Me Daniel Picotin, spécialiste des questions de sectes et d’emprise, en refusant de considérer que les victimes étaient à proprement parler sous « l’emprise » de M. Boumedine.
En cas d’emprise, selon lui, la victime est « au pied du gourou », quand elle ne précède pas ses demandes. Avec M. Boumedine, a-t-il dit, on était « dans un rapport d’obligation », puisqu’il est question parfois « d’injonctions répétitives ». « M. Boumedine était servi parce qu’il exigeait, alors que le gourou n’a pas besoin de demander », a-t-il insisté.
Mais le Dr Hachouf a reconnu « l’ascendant psychologique important », voire « la contrainte » exercée par ce dernier.
Le Dr Dandelot a pour sa part volontiers accepté de reconnaître « un niveau d’emprise évident » dans cette affaire.
L’après-midi devait être consacré à l’audition à huis clos de X., fille des D. et de la déposition enregistrée de Y., fille de Valérie adoptée par l’accusé. Celui-ci aurait sexuellement agressé la première, alors âgée de 12 ans, et violé avec le doigt la seconde, âgée de 6 ans.
POUR MEMOIRE :
Un homme vu comme un gourou par ses victimes, jugé pour viols et violences (COMPTE RENDU)
13/02/2012 18:52:01 GMT+01:00
#152015 DVBP 3538 IHW30 (4) AFP (605)
Par Odile DUPERRY
BORDEAUX, 13 fév 2012 (AFP) – Bernard Boumedine, 48 ans, ancien employé communal à Talence (Gironde), comparaît depuis lundi devant les assises de la Gironde pour des viols, agressions sexuelles ou violences sur son ex-femme, sa fille et leurs voisins, les victimes le comparant à un gourou.
M. Boumedine est arrêté en novembre 2009, alors que sa femme Valérie, présentant de nombreuses marques de coups, venait de raconter à la police comment elle-même et Eve D., voisine que le couple héberge temporairement avec sa fille X., ont été contraintes à avoir des relations sexuelles ensemble, puis avec l’accusé, quelques heures auparavant.
L’enquête révèle que, sur fond de soirées arrosées, il a aussi battu au cours des derniers mois Valérie, Eve et son mari Michel, qui avait fini par déserter le foyer familial quelques jours avant pour échapper aux violences.
L’accusé aurait aussi violé par intromission d’un doigt la fille de sa femme, Y., alors âgée de 6 ans, et l’aurait agressée sexuellement, ainsi que X., 12 ans.
Lundi -le procès s’achève vendredi-, l’accusé, sweat-shirt gris et crâne rasé, s’est présenté comme une forte tête, ayant travaillé pour la sécurité militaire algérienne ou pour la DST, disant « n’avoir rien à cacher », mais capable aussi, parce « qu’à force de le chercher, on le trouve », de détruire tout un bureau de la mairie de Talence en état d’ivresse.
Un ancien amant de Valérie est venu, spontanément, décrire celle-ci comme une femme « fourbe et vicieuse », aimant les rapports sexuels violents. « Une vengeance personnelle parce que je l’ai mis dehors de la maison », a rétorqué Valérie.
Cette coiffeuse de 47 ans, petite blonde coquette et dynamique, reconnaît un passé d’excès, marqué par des épisodes de toxicomanie et de prostitution -au sujet desquels l’accusé l’aurait harcelée de questions-, et admet qu’elle aime « les rapports sexuels virils », éventuellement ponctués de mots crus. « Mais ce n’est pas parce qu’une femme demande de la virilité qu’elle veut de la violence », a-t-elle remarqué.
Or, selon elle, les coups ont commencé dès le lendemain du mariage, en juillet 2007, par un « coup de boule ». Les rapports dégénèrent au point qu’un jour elle lui donne un coup de couteau à l’abdomen pour se défendre, et, un autre jour, se plante elle-même une lame dans le ventre, car elle ne voyait « plus d’issue dans (sa) vie » et voulait « que (ses) souffrances soient finies ».
Elle dit avoir été « influençable et fragile », et qu’il avait « une grande emprise sur elle », au point de la faire commencer à croire à de possibles attouchements de son père sur elle dans l’enfance. Il « m’a coupée de tout mon monde », a-t-elle affirmé.
« Il se disait un ange, et moi, tout ce qui est spiritisme, j’y crois, je le mettais sur un piédestal », a-t-elle raconté. Parfois, selon elle, l’accusé disait « qu’on avait Satan en nous, qu’il fallait que ça sorte », et assenait de grands coups de paume dans la région du coeur à sa femme et aux voisins. « Un jour, il s’est pris pour le diable, il m’a mordue », a-t-elle dit.
M. Boumedine, qui nie toute infraction sexuelle, a passé son temps à l’écouter en secouant la tête d’un air ironique.
Il a bénéficié du témoignage équilibré de sa première épouse Esthel, consultante à Paris. Elle l’a présenté comme « gentil, serviable, disponible et en même temps extrêmement colérique », à « l’appétit sexuel important mais sans qu’il y ait rien à lui reprocher » de particulier.
Surtout, a-t-elle insisté, bien que « mon ex-mari soit quelqu’un que je n’apprécie pas, je peux dire de manière formelle que je ne peux croire » qu’il s’en soit pris sexuellement aux enfants.
Source : AFP du 15 février 2012