Une vingtaine de médecins et professeurs hospitaliers français s’alarment dans une tribune des pénuries croissantes de médicaments. La feuille de route dévoilée par Agnès Buzyn en juillet n’a pas suffi à rassurer.

« L’essentiel de la pharmacopée »

Or, précisent ces médecins, « ces pénuries ne touchent pas les très chères innovations thérapeutiques mais des médicaments peu coûteux qui, bien qu’anciens et tombés dans le domaine public, constituent toujours l’essentiel de la pharmacopée ». Vaccins, antibiotiques, anticancéreux, corticoïdes, la liste est longue.

 Très rares il y a une dizaine d’années, les pénuries de médicaments se multiplient », avec les malades pour « premières victimes », s’inquiète une vingtaine de médecins et professeurs hospitaliers dans une tribune au Journal du Dimanche, dimanche 18 août. « En 2018, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament, rappellent-ils, on a noté 868 signalements de tensions ou de ruptures d’approvisionnement », qui concernent des médicaments d’intérêt thérapeutique majeurs (MITM) « pour lesquels il n’y a, le plus souvent, pas d’alternative efficace disponible ». Le chiffre n’était que de 44 en 2008.

Consciente de l’enjeu, la ministre de la santé Agnès Buzyn a présenté des pistes le 8 juillet 2019, avant la présentation d’un plan définitif en septembre. Parmi les idées sur la table, la généralisation de la plate-forme permettant aux pharmaciens de signaler les ruptures d’approvisionnement aux laboratoires ou la possibilité donnée au pharmacien de remplacer le médicament manquant par un autre quand il est d’intérêt thérapeutique majeur. La ministre souhaite aussi encourager la coopération européenne. Ces annonces n’ont toutefois pas suffi à rassurer.

Les auteurs de la tribune demandent que « soient imposées dans l’urgence, aux laboratoires (…) la constitution et la gestion de stocks de MITM sous forme de produits finis », pour limiter une gestion actuelle à flux tendus. Ils suggèrent également que « soit rapatriée en Europe la production des principes actifs – ils y étaient encore fabriqués il y a une quinzaine d’années », rappellent-ils. Autre piste : que « soit créé un établissement pharmaceutique à but non lucratif, si possible européen ». Une telle structure permettrait selon eux « de prévenir les pénuries » et serait garante « de la qualité des médicaments et de prix justes et pérennes ».