“Je ne pense pas que ce texte change les critères scientifiques enseignés dans nos écoles ou le programme d’enseignement retenus par nos professeurs”, dit-il dans un bref communiqué.

“Je ne crois pas non plus que cette loi apporte quelque chose de plus à ce qui est déjà fait dans nos écoles”, juge le gouverneur républicain, considéré comme modéré.

Il note que ce texte “a obtenu un très grand soutien bipartite”, ayant été adopté dans la Chambre basse et le Sénat du Tennessee, dominés par des membres du mouvement ultra-conservateur “tea party”, avec une marge de trois contre un.

Mais poursuit Bill Haslam, “un bon projet de loi devrait apporter de la clarté, pas de la confusion ….et pour cette raison je ne signerai pas ce texte et le laisserai devenir loi sans ma signature”, explique-t-il.

Le gouverneur avait tout d’abord laissé entendre qu’il promulguerait cette loi.

Mais il a de toute évidence pris en compte, comme le mentionne son communiqué, les inquiétudes suscitées par ce texte et l’ampleur du mouvement le dénonçant comme néfaste à la science.

Il a reçu ces derniers jours une pétition avec plus de 3.000 signatures le pressant de mettre son veto à cette loi.

Une telle mesure n’aurait été que symbolique puisque les ultra-conservateurs auraient pu passer outre à ce veto avec une simple majorité.

La loi stipule que les “professeurs doivent être autorisés à aider leurs élèves à comprendre, critiquer et étudier objectivement les points forts et les faiblesses des théories scientifiques existantes”.

“Ce texte de loi est très habile dans sa formulation, mais le véritable objectif est d’injecter des explications non-scientifiques comme le créationnisme et le dessein intelligent dans l’enseignement de la science à l’école publique en tentant de susciter des doutes sur la théorie de l’évolution”, avait expliqué auparavant à l’AFP Hedy Weinberg, responsable de l’organisation de défense des droits civils ACLU du Tennessee, qui mène la contre-offensive.

Cette loi a été directement inspiré par le “Discovery Institute” de Seattle (Etat de Washington, nord-ouest), un groupe de réflexion conservateur chrétien qui fait la promotion du “dessein intelligent”, un avatar du créationnisme.

Plusieurs groupements, dont celui des professeurs de science du Tennessee, l’Institut américain des sciences biologiques et l’Association américaine pour l’avancement de la science (AAAS) ont exprimé leur ferme opposition à cette loi.

Cette dernière offensive créationniste qui a aussi lieu dans plusieurs autres Etats surtout du sud, marque la poursuite de la guerre entre défenseurs de la laïcité à l’école publique et chrétiens conservateurs, pour qui l’homme est une créature divine et ne descend pas du singe.

Elle s’inscrit dans le droit fil du célèbre “procès du singe” de 1925 dans le Tennessee, qui avait vu un professeur de biologie condamné à une forte amende pour avoir enseigné la théorie de Darwin dans cet Etat.

Il a fallu attendre 1968 pour que la Cour suprême juge anticonstitutionnelle l’interdiction d’enseigner la théorie de l’évolution, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

En 1987, la haute Cour a jugé contraire à la Constitution de rendre obligatoire l’enseignement du créationnisme, qui reviendrait à promouvoir une croyance religieuse dans l’éducation publique.

source: USA 11/04/2012 08:26:42 GMT+02:00
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