Selon Mediscoop, revue de presse citant Le Figaro (en source ci-dessous) : “la Direction générale de la santé devrait rendre public un document à vocation informative et donc préventive (…) des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique assorties pour chacune d’elles d’une appréciation.”
Par ailleurs, la loi sur la simplification des démarches administratives, en discussion au parlement (octobre 2011), propose dans son amendement n° 87 de protéger le directeur de la Miviludes et ses collaborateurs qui, de façon “ahurissante” (selon les termes du député Philippe Vuilque – qui se propose d’ailleurs de créer une commission d’enquête qui examinera les dérives sectaires et la santé publique ), passe au tribunal prochainement pour diffamation !
Les PNCAVT

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a publié son rapport annuel 2009 en avril 2010. Il est remis au Premier ministre, comme cette instance le prévoit. La Miviludes prévient des dérives qu’elle constate et informe les citoyens français chaque année de tout ce qu’elle considère comme dangereux. La santé est une cible pour des pratiques trompeuses se présentant comme thérapies. Le ministère de la Santé a mis en place un groupe d’appui technique auprès du Directeur général de la Santé (DGS) pour évaluer les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCAVT).

Selon le rapport : “Certaines pratiques peuvent présenter des risques pour la santé publique, notamment en termes de perte de chance [1] pour les usagers.

Les PNCAVT peuvent dissuader des patients gravement malades, notamment atteints maladies chroniques de faire confiance aux méthodes de la médecine dite “officielle”. Selon ce même rapport : “Ce risque est d’autant plus préoccupant lorsqu’il concerne des pathologies graves engageant le pronostic vital”. On pense aux cancers, sur le devant de la scène médiatique, suite à un événement gravissime (mort d’une jeune femme dans des souffrances épouvantables).

Quelles sont les PNCAVT à risque ?

Un certain nombre de pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCAVT), qu’elles soient ou non exercées en milieu sectaire, ont fait l’objet d’un listage. Certaines PNCAVT présentent des risques et des caractères proches des dérives sectaires :

ésotérisme, mysticisme (on soigne le patient pour sa vie future, après sa mort ( ?), manipulation) ;
sorte de “culte de la personnalité” du gourou fondateur (des noms propres associés aux pratiques) ;
réseaux, commerce de plus en plus coûteux pour l’usager, et, ce qu’on ne peut ignorer car on le subit : le prosélytisme.
Quelles pourraient être les affections de longue durée (ALD) “à risque” ?

Elles le sont toutes. Cependant, la perte de chance est évidente pour les suivantes :

Guy-Claude Burger se proposait avant sa condamnation de soigner sida (ALD n°7) et cancers (ALD n°30) par l’instinctothérapie ;
des méthodes dites naturelles gèrent l’hypertension (prévention des insuffisances cardiaques ?) (ALD n°5) le diabète (ALD n°8), les hépatites (ALD n°6) ;
de véritables “drogues sacrées” hallucinogènes traitent la douleur liée à l’arthrose, mais aussi aux autres maladies rhumatismales, même graves (ALD n°22 et 27)
des régimes allègent la vie de patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) – entérite de Crohn et rectocolite hémorragique – (ALD n°24), etc.
Nutrition et maladies chroniques

Parce qu’on observe l’aggravation de l’obésité et des diabètes de type 2, du fait de changements des modes de vie ;
parce que l’environnement au sens large est une préoccupation majeure ; les dérives sectaires se sont engouffrées dans la nutrition.
Instinctothérapie, nutrithérapie (naturopathie), végétalisme carencé pour les enfants, regimes (“Kousmine”, “Bircher-Benner”, “Carton”) et techniques “psycho-coporelles” comme la kinésiologie, lois biologiques du Docteur Ryke Geerd Hamer, etc.
Mais on retrouve aussi : purification, détoxination, homéopathie associée aux régimes de jeûne, préceptes “d’écologie” pour laver la vie polluée d’ici-bas…
Cas particulier des psychothérapies

Des psychothérapies de tout poil font parfois partie des PNCAVT. Les instances publiques ont décidé de mettre de l’ordre dans des dénominations les plus variées. Il y eut d’abord l’encadrement juridique du titre de psychothérapeute, par la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » du 21 juillet 2009. Cette décision fait suite à l’amendement Accoyer de 2004 [2] Aujourd’hui, en juillet 2010, on lit dans les journaux des psychanalystes réputés qui dénoncent la médicalisation à outrance de la psychothérapie, sachant que le titre de praticien dans ce domaine est accepté d’office pour un médecin psychiatre. Le débat est loin d’être clos. Les affections psychiatriques chroniques (ALD n°23) peuvent être la cible de ces dérives thérapeutiques. Les malades et les non malades peuvent être un jour à la merci de thérapies s’apparentant au charlatanisme. Le “développement personnel” s’apparente le plus souvent à du lavage de cerveau.

Le sujet malade : une proie facile

Pour peu que la médecine ignore la part de fragilité des individus, ces derniers trouvent un soutien qui peut sembler solide chez des thérapeutes exploitant cette faille ;
pour peu que des représentants de la médecine occidentale conventionnelle en viennent à oublier l’aspect holistique [3] (global) de l’état de santé, mêlant le physique, le mental, le social et l’environnemental ;
les sujets souffrants trouvent parfois un secours illusoire dans ce qui apparaît aux experts de la Miviludes comme des dérives sectaires .
Cependant, le propre des dérives sectaires, c’est de revêtir des formes insoupçonnées. En 2010, que dire de l’auto-prise en charge déviée de son but (faux autosoins allant jusqu’à l’auto-guérison), de la vie plus saine (allant jusqu’aux carences), de paiements de compléments alimentaires inutiles sous l’ère des déremboursements “d’ex-médicaments”, de l’évitement de corps gras animaux (allant jusqu’à des régimes sans trace animale (végétalisme)) ?

Mais dans d’autres cas, le discours est limpide “d’arnaque” : la présentation d’un adepte thérapeute, proposé dans le rapport 2009 de la Miviludes, page 103, est le suivant :
“Thérapeute holistique après une formation en institut d’hygiène et de médecine naturelle, une approche phyto-nutritionnelle, pour mieux comprendre et traduire ce que le corps veut dire au travers de ses souffrances, se passionne pour le décodage biologique et la psychogénéalogie et se forme en thérapies énergétiques (reiki, EMF, magnétisme).”

Presque tout est dit !

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Source

Miviludes. (2010). Rapport au premier ministre 2009.

Amendement Accoyer, voir notre entrée Chronisanté sur la Loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique.

Voir le Décret n° 2010-534 du 20 mai 2010 relatif à l’usage du titre de psychothérapeute.

{{Voir absolument le Centre Roger Ikor, Centre contre les manipulations mentales (CCMM)), pour sa participation historique dans la lutte contre les sectes (Roger Ikor, écrivain, vécu la mort tragique par suicide de son fils, adepte d’une philosophie Zen transformée par un régime “Zen macrobiotique”).}}

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(m-à-j 28/10/2011)

1 – La revue de Presse Mediscoop du 2011-10-27 cite le journal Le Figaro (Les sectes proilifèrent dans le domaine de la santé.

2 – Assemblée nationale, soutien à l’amendement n° 87, loi sur la simplication administrative, intervention du député Philippe Vuilque http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2011-2012/20120013.asp.
3 – Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi).

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[1] Selon le rapport 2009 de la Miviludes “au sens d’un préjudice résultant de la disparition de la probabilité d’un événement favorable”. Cette définition est issue du monde juridique, et implique que l’événement favorable apporte un bienfait supplémentaire au patient, qu’il ne subisse aucun “dommage” réel, ni aucun “préjudice”.

[2] Résultat : l’Article 52 de la loi de santé publique de 2004 intitulé “L’usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes” (c’est une définition assez large qui demande alors une vérification par les pairs). Voir aussi dans les sources dans la loi de santé publique de 2004 : “Décret n° 2010-534 du 20 mai 2010 relatif à l’usage du titre de psychothérapeute”. Bernard Accoyer était alors président de l’Assemblée nationale, et voulait, dit-il, protéger le citoyen.

[3] L’holisme permet une approche de l’individu dans sa globalité, mais surtout en interaction avec son environnement au sens large