Un an après avoir rendu avec un rapport parlementaire sur « les services publics face à la radicalisation », le député (LR) des Bouches-du-Rhône Eric Diard publie le 26 août un livre qui poursuit sa réflexion, coécrit avec notre confrère du Parisien-Aujourd’hui en France Henri Vernet, « Radicalisation au cœur des services publics » (JC Lattès, 234 p., 19,90 euros).
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
ÉRIC DIARD. Un rapport parlementaire est, par nature, assez froid dans sa rédaction. Il ne permettait pas de traduire l’émotion que j’avais ressentie chez certains interlocuteurs et je le regrettais. J’ai donc souhaité travailler avec un journaliste pour pousser les feux un peu plus loin et faire des interviews supplémentaires sur les différents thèmes du rapport : le sport, les forces de l’ordre, l’éducation, les transports…
On sent dans votre livre toute la difficulté qu’il y a à définir l’objet dont vous parlez, entre atteintes à la laïcité, prosélytisme religieux et radicalisation…
Il n’y a pas de frontière précise. Le communautarisme n’est pas nécessairement la porte d’entrée vers la radicalisation. Parfois, toutes ces dimensions sont cloisonnées, mais parfois non, avec le sentiment d’un parcours initiatique. Il n’y a pas de profil type de l’individu radicalisé ni de processus type.
A vous lire, on a le sentiment d’une prise de conscience des pouvoirs publics sur ce sujet ?
C’est juste, mais pas forcément partout. Dans certains domaines, je pense par exemple au sport, la perception est en décalage avec la réalité. Dans d’autres secteurs, comme les prisons, on part de très loin. J’ai parfois l’impression que le fondamentalisme a une longueur ou deux d’avance sur la République et je pense qu’on peut encore mieux faire dans cette course contre la montre. L’Etat essaie de s’adapter, mais ça ne suffit pas à freiner ces phénomènes. J’attends de voir ce que donnera le plan de lutte contre le séparatisme. La difficulté, c’est à la fois de respecter la liberté de conscience et de culte, qui sont des droits constitutionnels, mais aussi de faire respecter la laïcité dans les services publics. Une personne qui ne respecte pas les valeurs de la République n’a pas sa place dans l’administration.
Depuis votre rapport, il y a eu l’attaque à la préfecture de police commise par un de ses membres…
C’est l’exemple le plus frappant du phénomène que nous étudions. On se demande encore comment la radicalisation d’un agent de la direction du renseignement (DRPP) a pu passer au travers. Personne ne pensait que l’ennemi pouvait venir de l’intérieur, or c’était bien le cas.
En conclusion, vous plaidez pour une véritable politique de prévention et le lancement d’un plan banlieues.
C’est juste. En fait, je dis la même chose que Ladj Ly, le réalisateur des « Misérables » : depuis le plan Borloo, on ne fait plus grand-chose pour nos quartiers délaissés et abandonnés. Il est urgent de retisser du lien, en se reposant sur les associations, les clubs, mais aussi en encourageant les entreprises à s’installer sur place. Bien sûr, ça coûte cher et ça nécessite un suivi très rigoureux, mais c’est nécessaire.