La police innove en matière de lutte contre les sectes : six enquêteurs de police judiciaire (PJ) travaillent désormais à plein temps sur ces dossiers.
Ce groupe spécialisé, chargé de centraliser les affaires importantes en matière d’infractions graves sur les problématiques sectaires, a été créé le 1er septembre au sein de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Une première, si l’on excepte le domaine du renseignement, qui possède depuis longtemps une section consacrée à l’analyse du phénomène.
Sur la table des policiers, volontaires, de l’OCRVP, figurent une dizaine de dossiers sur sept sectes. Deux d’entre eux concernent l’Eglise de scientologie : une Française, Martine Boublil, qui affirme avoir été séquestrée en Italie, en 2008, et un suicide.
Créé en 2006, l’OCRVP, qui regroupe des policiers et des gendarmes, enquête et coordonne les affaires d’homicide, les violences graves faites aux personnes, les agressions sexuelles, les séquestrations non crapuleuses. Il possède un groupe spécialisé sur les mineurs victimes de pédo-pornographie, et mène les recherches sur les cadavres anonymes.
Enfin, il gère le système « Alerte-Enlèvement », et le fichier Salvac sur les crimes sériels. Depuis 2007, l’Office avait déjà été saisi à plusieurs reprises de plaintes concernant les sectes avant de bâtir son projet d’un groupe spécialisé en piochant dans ses effectifs. A partir de 2008, à travers deux circulaires, l’ancienne ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait réclamé une initiative et appelé à ne pas baisser la garde sur le sujet.
Jusqu’ici, les enquêtes liées aux sectes étaient essentiellement gérées par les services locaux de la PJ. La centralisation des affaires permettra de recouper les informations, y compris à l’échelon international lorsqu’elles dépassent le cadre des frontières, explique le commissaire divisionnaire Frédéric Malon, chef de l’OCRVP. « L’idée, ajoute-t-il, est aussi de faire appel à des psychologues et à des psychiatres pour mieux prendre en compte les phénomènes d’emprise mentale sur les victimes ». S’agissant du volet financier, souvent très présent dans les affaires liées aux sectes, les six enquêteurs spécialisés pourront faire appel à d’autres services de police judiciaire. « On ne va pas se limiter à la partie criminelle », assure M. Malon.
Isabelle Mandraud/ Le Monde / 18.09.09