Il prétendait totalement ignorer qui étaient les Beatles lors de sa première rencontre avec les musiciens, au Pays de Galles, à l’été 1967, en plein Summer of Love. C’est possible, mais, sans le groupe britannique, le monde n’aurait sans doute jamais autant entendu parler du Maharishi Mahesh Yogi, mort, mardi 5 février, à son domicile de Vlodrop, aux Pays-Bas, à l’âge de 91 ans.

Dates clés

12 janvier 1917
Naissance dans l’Etat du Madhya Pradesh (Inde).

1968
Reçoit les Beatles dans son ashram de Rishikesh.

1973
Ouvre une université à Santa Barbara (Californie).

5 février 2008
Mort aux Pays-Bas.

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Le gourou qui a introduit et popularisé la méditation transcendantale en Occident s’était retiré dans ce village en 1990, après avoir passé son existence à parcourir le globe.

Né, selon les sources, entre 1911 et 1918, et selon lui en janvier 1917 dans l’Etat du Madhya Pradesh, en Inde, Maharishi (“le grand voyant” en hindi) Mahesh Yogi avait lancé son mouvement en 1958.

Ancrée dans la religion védique, fondée sur la discipline du yoga, la méditation transcendantale vise à promouvoir la paix et à éradiquer la pauvreté sur la planète en récitant des mantras. Vaste programme, que le Maharishi exposa dans un best-seller paru en 1963, La Science de l’être humain et l’art de vivre.

Sa parole séduit les musiciens pop, qui se tournent, au milieu des années 1960, vers l’Orient sage et compliqué. Parmi eux les Beach Boys (surtout le chanteur, Mike Love, le plus assidu à cet enseignement), Donovan, et, bien sûr, les Beatles par l’entremise de George Harrison.

Le plus célèbre groupe du monde part en février 1968 suivre un stage dans l’ashram de Rishikesh, au pied de l’Himalaya. Ringo Starr est le premier à rentrer, suivi de Paul McCartney. John Lennon et George Harrison restent, mais ils auront une appréciation divergente de leur hôte.

Lennon s’inspirera d’un épisode controversé, les avances sexuelles qu’aurait faites le Maharishi à l’actrice Mia Farrow, également du voyage, pour écrire une chanson sarcastique, Sexy Sadie (dont le titre originel était “Maharishi”). Harrison, mais aussi McCartney, prendront la défense de l’accusé sur ce point.

Si le Maharishi a pu profiter des Beatles pour faire progresser sa notoriété (il fait la couverture de Time en 1975), le voici identifié contre son gré à la contre-culture de l’époque, alors que les drogues constituaient un sujet de fâcherie avec les stars de Liverpool. Il sera moins médiatique par la suite, se contentant de lancer des appels aux dons, mais restera très actif. Il ouvre en 1973 une université à Santa Barbara (Californie), qui déménagera dans l’Iowa, où sera créée une Maharishi Vedic City de 200 âmes. Son entreprise, prospère, comprend des intérêts dans l’immobilier et une société de cosmétiques.

On a reparlé de la méditation transcendantale avec la présentation aux élections (en France, aux législatives de 1997) de candidats du Parti de la loi naturelle, qui en émane. Et, plus récemment, parce que le cinéaste américain David Lynch ne cesse d’en faire la publicité. Le mouvement fondé par le Maharishi Yogi était recensé dans le rapport parlementaire sur les sectes en France, publié en 1996.

LE MONDE | 08.02.08 | 16h21