Les salariés de l’institut médico-éducatif (IME) de Moussaron, où les journalistes de « Zone interdite » ont filmé en caméra cachée, se sont réveillés ce lundi avec une sorte de gueule de bois, groggy comme s’ils avaient reçus un grand coup sur la tête.
En dernière partie de leur enquête, les journalistes s’intéressent en effet à l’institut de Moussaron où des plaintes pour maltraitance avaient déjà défrayé la chronique en 1998. Non autorisés à filmer, ils réalisent leurs images en caméra cachée. Celles-ci témoignent d’une grande promiscuité entre résidents d’âges et de sexes différents.
Le téléspectateur est saisi par des scènes montrant des enfants ou de jeunes adultes dans une même grande salle. L’un d’eux est lavé sur une douche spéciale horizontale tandis qu’un autre fait ses besoins sur un pot. À côté, une jeune femme ôte le haut de son pyjama pour aller dans la baignoire. La caméra indiscrète montre également un enfant dans un lit placé dans un débarras.
Les caméras ont également filmé la partie rénovée de l’établissement mais ne s’y sont pas attardées.
Les salariés de l’IME sont les « victimes collatérales », selon les mots de Monique Cavalier, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) Midi-Pyrénées. La fonctionnaire se déclare inquiète de l’impact de ces images sur le moral des professionnels de l’institut dans la tourmente depuis l’automne.
Joints ce lundi au téléphone, certains se sentent abattus et n’ont pas réussi à mettre des mots sur leurs sentiments, d’autres postaient, sur leur mur Facebook des phrases lapidaires : « Je fais mon boulot avec amour et passion mais, là, je suis à bout. »
Les familles des résidents de l’IME n’ont pas souhaité s’exprimer. Elles se réuniront en association et se réservent le droit de porter plainte contre la chaîne pour avoir utilisé des images d’enfants (même à visage flouté) sans autorisation de leurs parents.
Juste avant la diffusion du reportage, la ministre en charge des personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, affirmait dans un tweet : « Je continuerai à faire preuve de la plus grande fermeté avec les établissements dans lesquels des maltraitances auront été avérées. »
Le lien conduisait à un texte dans lequel la ministre ajoutait : « Comme je l’ai fait avec l’IME Moussaron, je n’hésiterai pas à ordonner des mises sous administration provisoire. Quand il s’agît de protéger l’intégrité des personnes, l’État doit intervenir avec autorité. »
La directrice de l’ARS, Monique Cavalier, affirme que « ce reportage ne change rien à la procédure ». Elle stipule que « beaucoup d’injonctions de l’ARS, pointées dans le rapport, ont été réalisées à l’IME de Moussaron ».
« Au 1er mars, on devrait pouvoir désaffecter deux des trois étages puis réaffecter les enfants polyhandicapés cet été. Les lits superposés [que l’on voit dans le reportage de dimanche soir] n’existent plus, ils ont été remplacés, etc. Maintenant, nous nous penchons sur l’orientation des jeunes adultes. À chaque fois, nous mettons en place un projet individuel avec la famille. »
source : SUD OUEST du 27 janvier 2014