Un an après une enquête de “Pièces à conviction”, un nouveau documentaire a suscité l’émoi en révélant les défaillances de la prise en charge de mineurs dans des foyers dépendant de l’Aide sociale à l’enfance.

“Des adolescents pris en charge dans des conditions indignes, victimes de violences de la part d’adultes qui devraient prendre soin d’eux et les protéger.” C’est en ces termes qu’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance, décrit les révélations de “Zone interdite”. Diffusé dimanche 19 janvier sur M6, le magazine a enquêté sur les violences et humiliations subies par certains mineurs pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Ce n’est pas la première fois qu’un documentaire met en lumière les défaillances de cette politique sociale, gérée par les conseils départementaux depuis la suppression de la Ddass dans les années 1980. Le 16 janvier 2019, les révélations du magazine de France 3 “Pièces à conviction” avaient suscité un tollé. Le gouvernement avait réagi en nommant Adrien Taquet au gouvernement, auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé.

Pourtant, un an après cette nomination, la situation ne semble pas avoir évolué. Après la diffusion de “Zone interdite”, le secrétaire d’Etat a exprimé, dans un communiqué, son “émotion” et sa “détermination à agir face à ces dysfonctionnements majeurs”. Dans un entretien au quotidien La Croix, il a demandé aux préfets de lui “transmettre, dans les trois mois, un état des lieux de la manière dont ces établissements sont contrôlés”. Franceinfo fait le point sur les carences dénoncées par le magazine de M6.

Des enfants maltraités dans des foyers

Plus de 350 000 mineurs font l’objet d’une mesure de protection de l’enfance en France. Parmi eux, la moitié sont placés dans des foyers ou des familles d’accueil. Pour enquêter sur les conditions de vie des enfants placés en foyer, les journalistes de “Zone interdite” ont adressé des demandes aux conseils départementaux, qui gèrent ces structures. Face au refus d’un grand nombre d’entre eux, les journalistes se sont infiltrés dans les établissements et ont filmé en caméra cachée.

L’enquête révèle des conditions sanitaires désastreuses, notamment dans un foyer de Seine-Saint-Denis. “Il y a de la merde dans l’eau. Ça sentait très fort. Donc on s’est dit qu’il y avait peut-être un rat mort qui a infecté l’eau. Ils avaient vu un rat, les gamins. Ils en avaient filmé un en train de courir”, raconte une travailleuse sociale.

Le documentaire revient aussi sur des violences commises par des éducateurs dans un foyer situé à Jarsy (Savoie). Une éducatrice y raconte comment elle a été témoin d’humiliations et d’actes de maltraitance subis par les enfants : “Le jeune était attaché avec une corde à la barrière, assis par terre en position de chien, et il lui demandait d’aboyer”, raconte-t-elle. Deux responsables de ce foyer ont été condamnés en 2018 à un an de prison ferme. Le président de l’association qui gérait le centre, devenu coach sportif depuis, s’est défendu auprès de “Zone interdite”.

source : https://www.francetvinfo.fr/societe/enfance-et-adolescence/maltraitance-prostitution-personnel-non-forme-pourquoi-la-protection-de-l-enfance-est-pointee-du-doigt_3792497.html