{{Afrique subsaharienne.}}

Malgré la tradition plutôt tolérante de l’islam africain, les persécutions antichrétiennes sont en hausse. Certains pays les organisent. D’autres sont victimes de leurs propres divisions ethniques ou religieuses, de la défaillance de leur État et de l’impéritie de leurs dirigeants.

{{Nigeria}}

Enlèvements, meurtres et viols de masse, pillages, destructions : la violence islamiste à la sauce africaine produit dans ce pays les pires agressions antichrétiennes du moment (10 000 morts en dix ans). Née en 2002 au Nord-Est et financée au départ par des notables musulmans, la secte Boko Haram (mot formé de “book” et de “haram” qui signifie “la culture occidentale est un péché”) associe le salafisme et les gris-gris fétichistes pour terroriser les populations. Elle réclame la charia la plus stricte. Les chrétiens ont le choix : se convertir ou fuir. « Nous savons que de hauts dignitaires musulmans sont proches de la secte, confie le cardinal catholique d’Abuja à l’Aide à l’Église en détresse. Quand des musulmans nous expliquent qu’ils n’ont rien à voir avec elle, je leur réponds qu’ils ne peuvent la nier : ce sont leurs enfants. »

{{Afrique de l’Ouest}}

Plus ou moins discriminés dans tous les pays où l’islam domine, les chrétiens ont particulièrement souffert de la pression islamiste au nord du Mali. L’intervention française de janvier 2013 (opérations Serval puis Barkhane) a détruit les bandes armées djihadistes, mais les chrétiens ont peur. Ils savent que la population nordiste, en majorité musulmane, reste favorable aux islamistes.

{{Afrique centrale}}

La défaillance de l’État, les rébellions et l’anarchie qui règne en République centrafricaine font de ce pays l’épicentre des violences infligées aux populations, avec l’instable République démocratique du Congo, un géant gorgé de matières premières. En Centrafrique, les mercenaires islamisés venus du Tchad et du Soudan, associés aux musulmans locaux, ont longtemps terrorisé les chrétiens. Les autorités religieuses évoquaient même le risque d’un “génocide confessionnel”. Le déploiement de l’opération française Sangaris (décembre 2013) a rétabli la sécurité, surtout à Bangui et dans l’Ouest. Mais l’Est et le Nord, aux confins du Tchad et du Soudan musulmans, restent des zones de non-droit. Des bandes islamisées y sévissent, prêtes au pillage du Sud chrétien.

{{Soudan}}

La Constitution soudanaise votée en 2005 proclame la liberté religieuse mais établit que la charia est la source principale de la législation, ce qui est intenable pour les non-musulmans. L’indépendance du Soudan du Sud (juillet 2011) et la perte pour Khartoum de 75 % de ses revenus (le pétrole est surtout au sud) ont fait tomber les masques.

Encouragé par ses radicaux, le pouvoir a oublié ses promesses de tolérance religieuse pour revenir à l’islam politique le plus sévère. Le président Omar el-Béchir applique une politique « 100 % islamique ». La répression contre les chrétiens est féroce. Des prêtres et des fidèles sont emprisonnés et battus. « L’Église est accusée d’avoir encouragé la sécession du Sud-Soudan, et donc d’exercer une influence néfaste à l’intérieur du pays », explique l’Aide à l’Église en détresse.

Le nombre de chrétiens décroissant, Khartoum exige la réduction du clergé et la récupération des bâtiments ou terrains « qui ne sont plus utilisés ». Plus aucune construction d’église n’est autorisée. Toute action d’évangélisation et d’éducation est prohibée. Le ministre soudanais des Orientations et des Dotations l’a dit : « Aucune église n’est plus nécessaire au Soudan. »

{{Corne de l’Afrique}}

En Somalie, fractionnée en trois entités, les minorités non musulmanes paient la faillite de l’État et la manipulation des populations déshéritées par les clans islamistes, dont les Shebab sont le bras armé. Chassés de Mogadiscio en 2011, ils restent dangereux. La Constitution déclare que « l’islam est la seule religion du pays, et aucune autre religion n’a le droit d’être proclamée ». La liberté de croyance n’existe donc pas. Personne n’est supposé être chrétien !

source: valeursactuelles.com
Par Frédéric Pons