-Depuis “Festen” de Thomas Vinterberg (1990), on sait que les fêtes de familles peuvent mal tourner au Danemark. Le mariage de Justine (Kirsten Dunst), célébré dans l’immense château romantique de sa soeur Claire (Charlotte Gainsbourg), sombre avant même la nuit de noces, alors qu’avance vers la Terre la planète Melancholia, détournée de son orbite.

“Melancholia”, c’est à la fois cette étoile qui va provoquer la fin du monde et le mal qui ronge Justine, une enfant de Saturne minée par la dépression.

Soutenue avec amour par Claire, la jeune femme reprend peu à peu le contrôle de sa vie, alors que sa soeur vacille et cale à l’approche de la fin, comme son mari incarné par Kiefer Sutherland (Le “Jack Bauer” de “24 heures chrono”).

“Ce n’est pas vraiment un film sur la fin du monde, plutôt un film sur un état d’esprit”, a estimé en conférence de presse le réalisateur -qui a également dérouté l’audience en professant sa “sympathie” pour Hitler.

Connu pour sa phobie de l’avion (il vient toujours à Cannes en camping-car) et ses comportements parfois provocateurs, Lars Von Trier, 55 ans, a avoué avoir traversé lui aussi “des phases mélancoliques et les avoir surmontées”.

“J’ai cessé de boire, j’ai lu des livres, aujourd’hui je me sens bien et je suis devenu ennuyeux comme tout le monde”, a-t-il précisé.

Kirsten Dunst a également confessé “une certaine connaissance de la dépression”, mais aussi qu’elle se sentait plus forte après son travail avec Lars Von Trier.

Lumineuse dans le film, malgré l’instabilité qui la ronge, elle est saisie d’abord en plein délire romantique inspiré par les lieux -un château suédois du 18e siècle au bord de l’eau.

“Alors que le monde s’approche de sa fin et que la plus horrible des tragédies est sur le point d’arriver, elle devient de plus en plus forte”, a relevé l’actrice.

“Il y a peu de rôles féminins qui vous montrent à la fois folle et vulnérable, et étrange, et (où on vous dit) fais ce que tu veux. Mais cette liberté, parfois très effrayante, vous donne aussi une forme de bravoure que j’ai emportée ensuite avec moi sur d’autres projets”.

Lars Von Trier “ne répond à aucune de mes questions sur les scénarios”, a plaisanté Charlotte Gainsbourg, qui a déjà une certaine expérience du travail avec le cinéaste puisqu’elle avait été couronnée à Cannes en 2009 du Prix de la Meilleure interprétation féminine dans “Antechrist”, précédent opus du réalisateur.

Ravi de ses artistes, Lars Von Trier a lâché qu’il se verrait bien tourner la prochaine fois un porno de “trois ou quatre heures avec une de ces ladies”… D’autant que “Melancholia” est beaucoup moins sexuel que ses précédentes oeuvres.

D’ici là, Lars von Trier, présent pour la neuvième fois en sélection à Cannes, se verrait bien décrocher une deuxième Palme d’Or après celle reçue, il y a onze ans, pour “Dancer in the Dark”.
Source :AFP par Anne CHAON