Même si enseignants et parents s’en défendent, il semble que la spiritualité et la religion imprègnent la pédagogie Waldorf, que ce soit dans les dessins, les légendes racontées aux élèves, la célébration des fêtes ou la Parole du matin.

Le sujet est tabou et controversé. Le rapport produit à la demande de la commission scolaire l’effleure à peine. La consultante Yolande Nantel évoque certains «objets religieux», fait référence à la «cérémonie de la chandelle» et à des fêtes.

Parents et enseignants sont indignés de ces propos. «Il n’y a pas de cérémonie de la chandelle. Je ne vois vraiment pas de quoi elle parle lorsqu’elle fait allusion à des objets religieux», affirme une enseignante de l’école.

Il y a des moments de «transition» pour permettre aux élèves de retrouver leur calme et leur concentration, dit-elle. Certains font un chant le matin, d’autres récitent une parole et allument une chandelle.

La même chose se produit avant les repas ou à la fin des classes. Lors du passage de La Presse, les élèves ont récité une parole demandant «au Seigneur d’éclairer leurs coeurs afin d’être droits comme [lui]» avant de quitter l’école à la fin de la journée.

Fondée par le philosophe Rudolf Steiner en 1919, la pédagogie Waldorf est basée sur «l’anthroposophie», qui signifie «sagesse de l’âme». L’un des buts est de redonner à l’être humain son aspect premier, c’est-à-dire spirituel. Rudolf Steiner croyait à la réincarnation.

En plus de leur formation en enseignement, les professeurs doivent étudier la pédagogie dans un institut Waldorf, une formation de quatre ans à temps partiel.

«On ne peut pas sortir l’anthroposophie des écoles Waldorf parce que, sans anthroposophie, il n’y a pas d’écoles Waldorf», affirme-t-il, précisant «qu’il ne s’agit pas d’une secte».

Selon lui, la majorité des parents ignore la réelle signification de ce qui est présenté en classe.

La plupart des parents questionnés par La Presse à ce sujet soutiennent d’ailleurs que la religion n’est pas présente à l’école. «On dit de façon mensongère qu’on est religieux. Je ne suis même pas croyante», lance Cécile Masson, mère d’un élève de cinquième année.

D’autres parents, dont les enfants ne fréquentent plus l’école, reconnaissent toutefois que des aspects liés à la religion les dérangeaient parfois.

Officiellement, l’enseignement est tourné vers la nature et le rythme des saisons. Le bois et les «matières nobles» sont préconisés. Les classes sont meublées de pupitres et de chaises en bois. À la maternelle, les jouets sont en bois, les poupées en chiffons. Même la cloche pour sonner la récréation est une vieille cloche traditionnelle qu’il faut secouer à la main.

Les enseignants affirment que les nombreuses fêtes sont un hommage à la terre. La Saint-Michel, fête des récoltes, célèbre la générosité et le courage. Pâques est l’éclosion de la vie et du renouveau.

Il s’agit en fait des fêtes cardinales. «C’est le fondement même de l’anthroposophie. Ils fêtent le Christ à travers ces fêtes», soutient M. Casgrain.

Ce type d’école n’a pas sa place dans le régime public non confessionnel, dit-il en reprochant aux autorités scolaires de « ne pas avoir fait leurs devoirs» plus tôt.

source : le 14 avril 2013
PASCALE BRETON

La Presse

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