Au printemps dernier, deux restaurants de cuisine crue ouvraient à Metz. Çigköftem , rue du Pont-des-Morts, qui propose essentiellement de la restauration rapide vegan. Et Les Petits Zozios , rue des Jardins, où les dix-huit places assises ont été rapidement prises d’assaut chaque midi. On y déguste des salades, des falafels, des brownies (délicieux), des soupes (chaudes) ou des crèmes vanille, des chips et des biscuits croustillants. L’établissement est également partenaire d’un chocolatier crudiste, et organise des conférences et des ateliers d’initiation à la cruisine.

En cuisine, le déshydrateur et le robot mixeur sont les équipements les plus lourds. Le reste est affaire d’imagination et, surtout, de chimie moléculaire. Car une fois qu’on sait que la graine de lin écrasée fait un bon liant, que les graines de caroube ont la saveur du cacao torréfié et que la pâte de datte a la texture d’un brownie, l’horizon culinaire s’élargit d’un seul coup.

{{La mémoire de l’intestin}}

Nous sommes tous des crudivores, surtout en été. Manger cru est un comportement alimentaire sain, naturel. « Notre système digestif est adapté. Simplement, parfois, il a oublié. Il faut quelques semaines pour retrouver les bactéries adaptées à cette nouvelle alimentation », explique Christophe Mercier, naturopathe et cofondateur des Petits Zozios , le restaurant ouvert en mai dernier rue des Jardins.

Les vitamines et pas mal d’enzymes sont détruites dès que l’on chauffe l’aliment à plus de 48 degrés. C’est l’argument clé des personnes qui pratiquent ou même militent pour la cruisine.

{{L’étrange expérience d’Ann Wigmore}}

Le mouvement des crudivores volontaires apparaît dans les années 50 aux États-Unis. Ann Wigmore en est à la source, lorsqu’elle affirme avoir guéri de deux cancers grâce à une alimentation entièrement crue, notamment à base de soupes d’herbes. Ce régime a essaimé, vers le Canada, l’Australie, l’Allemagne. C’est de chez nos voisins que Celal, 24 ans, a puisé l’idée d’un snack vegan et crudivore, Çigköftem , installé près du campus du Saulcy. C’est le troisième point de vente après Mulhouse et Strasbourg.

Des grands chefs se sont emparés de l’idée raw food , largement relayée par les naturopathes. Ils prônent cette alimentation vitaminée, détoxifiante, à indice glycémique bas, sans additif dangereux. L’édition a senti le vent venir, et multiplie les parutions de recueils de recettes.

{{Faut-il croire au cru ?}}

Du côté de la médecine conventionnelle, on est plus circonspect. Le Dr Ludovic Coupez, médecin nutritionniste au CHR de Metz-Thionville, explique que ce type de régime ne pose pas de problème particulier tant qu’il reste ponctuel, et tant que les règles d’hygiène sont respectées. « Cuire les aliments altère les vitamines, mais élimine aussi des éléments pathogènes. La meilleure alternative, c’est la cuisson vapeur. » Il poursuit : « Le souci, c’est plutôt le régime exclusivement végétalien [sans produit d’origine animale, ndlr]. Là il peut y avoir des carences, notamment en vitamines B12. »

Conclusion : le cru c’est bien, mais ce n’est pas le tout.

C. B.

source :
http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-ville/2015/09/08/manger-cru-c-est-la-sante-intox-ou-detox