Alain Schmitt avait été condamné à cinq ans de prison en 2008 alors qu’il était en fuite. Hier, sa sanction était inférieure à celles infligées à ses principaux complices!

Jugé le 18 août dernier, trois semaines après son extradition de Malte, Alain Schmitt a été condamné, hier, à un an de prison ferme par la cour d’appel de Metz. Une peine assortie du mandat de dépôt mais qui signifie pourtant que le leader de la secte démantelée en juin 2005 à Algrange, retrouvera la liberté dans les prochaines semaines, compte tenu de la durée de sa détention provisoire cumulée- en France (trois semaines) et à Malte (six mois et demi)- et des remises de peine. La cour l’a ainsi relaxé partiellement des faits d’extorsion de fonds et de séquestration de moins de sept jours, commis sur une de ses victimes, l’Orléanaise qui, la première, avait porté plainte contre lui.

Le délibéré, qui a été rendu à 14h depuis la chambre du conseil de la cour d’appel, était retransmis en direct à la prison de Fresnes en utilisant la visioconférence. C’est un prévenu vieilli, voûté, presque chauve, mal à l’aise dans son survêtement mauve qui est apparu sur l’écran de télévision aux côtés de son avocate. Il n’a pas eu la moindre réaction à l’énoncé de la sanction. Pour mémoire, en août, l’avocat général avait requis à son encontre quatre ans de prison dont deux ferme.

Interrogé hier par téléphone, le jeune Sarregueminois qui avait été libéré le 16 juin 2005 lors de l’opération de police s’est dit «sidéré» par le jugement. «En fait, je n’ai pas de mots. Cette décision est dure à comprendre. Moi, j’y ai laissé des plumes. Ça m’a coûté cinq ans de suivi par un psychiatre, un rapport à l’autorité complètement bouleversé… Finalement, il valait mieux qu’il prenne la fuite, puisqu’il est moins lourdement sanctionné que son premier cercle de complices», a-t-il poursuivi. En effet, à Thionville en 2008, comme à Metz en appel en 2009, les autres prévenus qui avaient assumé leur rôle face à la justice avaient été condamnés à 15 mois de prison ferme, dont le propre fils d’Alain Schmitt, sa compagne Laurence Liégeois ainsi qu’une des chevilles ouvrières du groupe.

Cet épilogue- provisoire?- pose donc quelques questions à la justice elle-même. Rappelons qu’Alain Schmitt avait été laissé en liberté sous contrôle judiciaire à l’été 2005, la chambre de l’instruction de Metz considérant à l’époque que son état de santé était incompatible avec sa détention. Il avait alors pris la fuite, jusqu’à son arrestation quatre ans et demi plus tard, à Malte.

L’horizon judiciaire de l’ex-leader de la secte ne se dégage pas complètement pour autant: deux nouvelles plaintes de victimes plus récentes sont toujours en cours d’instruction en Alsace.
Pour la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), l’histoire d’Algrange tient du «cas d’école sur l’emprise mentale», comme le remarque Claire Barbereau, conseillère à la Miviludes. Elle révèle d’ailleurs que la trajectoire du groupe d’Alain Schmitt sera étudiée dans le cadre du rapport 2010 de l’institution que dirige Georges Fenech depuis 2008.

La secte demain sur RTL
La nouvelle émission de Jacques Pradel, qui a rejoint RTL à la rentrée, s’intéressera demain à l’affaire de la secte d’Algrange.
L’Heure du crime s’interrogera pendant près d’une heure à partir de 14h sur le groupe d’Alain Schmitt, sur le calvaire des ex-adeptes et le feuilleton judiciaire de cette secte lorraine qui dure depuis cinq ans. Autour de la table, le journaliste vedette spécialiste des grandes affaires criminelles recevra Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), une victime et Alain Morvan, le reporter du Républicain lorrain qui a suivi l’affaire depuis 2005.

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