“L’envie de tuer quelqu’un est devenue obsessionnelle” : Lewis Peschet, accusé d’avoir sauvagement assassiné en 2012 une camarade de 17 ans, est revenu froidement sur son parcours criminel lundi au premier jour de son procès devant la cour d’assises de l’Aisne, à Laon. “Je m’ennuyais tout le temps, alors j’ai cherché quelque chose qui me procure des émotions”, lâche laconiquement l’accusé âgé de 21 ans, devant une salle d’audience médusée. Vêtu de noir, le visage pâle barré d’un rictus qui devient vite sourire quand on évoque les actes violents qui ont émaillé son adolescence, Lewis Peschet écoute avec une attention narcissique les experts et ses petites amies décrire sa personnalité trouble.

Au fil de l’audience se dresse le portrait terrifiant d’un jeune homme intelligent et manipulateur, fasciné par la mort et la violence, qui bascule inexorablement dans la toute-puissance jusqu’au passage à l’acte. Abreuvé de films ultra-violents et de livres sur les tueurs en série, il confirme aux jurés son attirance pour les “filles pures qui ne fument pas, ne boivent pas et ne couchent pas”, les autres étant des “salopes impures”. “Si j’ai pu dire que j’étais Dieu, c’était de l’humour, de la provocation”, affirme le jeune homme qui avait affiché dans sa chambre la maxime “Tuer c’est créer” et conservait des morceaux d’animaux disséqués dans des sachets de thé.

“Une enfance normale, mais un peu plate”

À la barre, Laura, son premier amour, le décrit comme un garçon gentil, doux et prévenant dont le comportement a basculé à son entrée en seconde alors qu’il arborait un style gothique. “Il n’était pas violent avec moi, même s’il disait qu’il allait tuer mes parents”, souligne la jeune fille, qui finira par le quitter. “Il a aussi plusieurs fois menacé de se suicider”, ajoute-t-elle, alors que dans le box Lewis Peschet ne peut retenir un large sourire.

Cadet d’un fratrie de cinq enfants, le garçon a grandi dans une famille modeste avec des parents qui “se criaient tout le temps dessus”. “Une enfance normale, mais un peu plate”, selon lui. S’il admet en souriant une énurésie jusqu’à 16 ans, il se fige quand la présidente évoque une possible agression sexuelle qu’il aurait subie enfant. “Ça n’a pas eu lieu, je ne veux pas en parler”, se braque-t-il alors.

“Je l’ai enfin fait”

Selon les experts, qui soulignent sa perversion narcissique avec un risque de récidive avéré, c’est sa relation avec sa deuxième petite amie, Julie, puis leur rupture qui va signer son obsession criminelle. Avec cette lycéenne, il s’enfoncera dans sa morbidité en pratiquant notamment le jeu du foulard avec des tentatives de strangulations réciproques qui lui procuraient de fortes émotions, selon les psychiatres. Des étranglement de chats également, “mais sans les tuer”, tient à préciser l’accusé. “Quand on a rompu, je devenais parano et je pétais les plombs, j’ai pensé la tuer. À partir de là, l’envie de tuer quelqu’un est devenue obsessionnelle”, explique-t-il froidement.

Le 19 avril 2012, Lewis Peschet alors en terminale littéraire, donnait rendez-vous à Sonia, une élève de 17 ans d’un autre lycée qui avouait un faible pour ce “garçon étrange”, près des ruines de l’abbaye Saint-Vincent sur les hauteurs de Laon. Le lendemain, son ex-petite amie Julie se rendait en pleurs à la gendarmerie pour dénoncer l’accusé qui venait de se vanter auprès d’elle d’avoir tué Sonia. “Je l’ai enfin fait, ce n’est pas aussi bien que ce que je pensais”, lui aurait-il avoué. Interpellé à la sortie de son lycée, Lewis Peschet avait rapidement reconnu les faits puis indiqué l’emplacement du corps de sa victime dissimulé sous des tôles. L’autopsie révélera une soixantaine de coups de couteaux avec des plaies de défense aux mains et aux bras. Le verdict est attendu mercredi, l’accusé encourt la réclusion perpétuelle

source : Le Point.fr – Publié le 29/09/2014 –