Banderoles, dossards à l’effigie de la CFDT, café chaud. Un rassemblement de soutien a été organisé par le syndicat ce jeudi, devant l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad) d’Hannonville-sous-les-Côtes, dans la Meuse. En effet, quatre salariées de la maison de retraite, toutes adhérentes à la CFDT, ont été convoquées ce jeudi par leur direction pour répondre de « faits graves ». Dont des actes de maltraitance.

Une petite demi-heure d’entretien. À la sortie, Michelle Aubry, 35 ans de service, « sans aucun problème », aide médico-psyhologique à la maison de retraite ne comprend toujours rien à ce qu’on lui reproche. « Des gens ont rapporté des faits. J’aurais forcé un résidant à faire sa toilette et tenu des propos déplacés. » Ces reproches sont à peu près les mêmes pour Aurélie Maillot, infirmière depuis 6 ans à l’Ehpad ainsi que Vanessa Bertaux, aide-soignante et Céline Blot, aide médico-psychologique. Ces deux dernières font également l’objet d’une procédure de mise à pied depuis quinze jours. Vanessa Bertaux est très ébranlée : « On a des enfants en bas-âge, une réputation, des crédits sur le dos. On va faire quoi si ça se termine par un licenciement ? Je n’ai rien à me reprocher ! »

Et Céline Blot de poursuivre : « Avec une faute grave dans son dossier, on ne retrouvera jamais de travail. Nous avons déjà une collègue qui a été licenciée au mois de juin, pour les mêmes motifs. Elle aussi était adhérente à la CFDT. »

Une enquête ouverte par le procureur

Pour le secrétaire général de la CFDT de la Meuse, Didier Bertrand, « la méthode de la direction n’est pas bonne. » « Elles n’ont eu aucun signe avant, aucun rendez-vous pour en discuter, ça ne va pas. On ne sait pas d’où viennent les faits reprochés, qui les a dénoncés. C’est comme si vous vous faisiez flasher par un radar mais qu’on ne vous dit pas où et quand… »

Selon lui, le personnel concerné par ces procédures avait alerté à plusieurs reprises l’ARS, la direction du travail, le conseil général, les Prud’hommes « d’un climat délétère et de formes de pression de la direction sur les salariés. » Un audit a été fait. « Nous n’avons jamais eu connaissance des conclusions finales. »

Devant l’Ehpad, les salariées ont pu compter sur la présence d’une quinzaine de collègues mais aussi sur des familles de résidents : « Je suis venue les défendre », confie Maryse Maupoix. « Je ne comprends pas ce qui se passe. Ma mère est résidente ici depuis trois ans, et il n’y a jamais eu de problèmes… » Le président de l’Ehpad, André-Victor Pitz, précise qu’un « dysfonctionnement grave au sein de l’établissement a poussé le conseil d’administration à ne tolérer aucun autre problème dans la qualité des soins. » Pour lui, les entretiens avec les salariés ont été faits pour « obtenir des explications » face à des signalements de maltraitance rapportés par « des collègues, des familles, des résidents. »

Il poursuit : « Le parquet de Verdun a diligenté une enquête (NDLR : information confirmée par Camille Miansoni, procureur de Verdun). Le Conseil général est prévenu ainsi que l’Agence régionale de santé. Je ne comprends pas ce sitting devant l’établissement. Les mises à pied ne veulent pas dire que des licenciements auront lieu. Si les salariées n’ont rien à se reprocher, tout ira bien. »

Quant à l’infirmière licenciée au mois de juin, pour lui, cela n’a rien à voir. « C’était pour une faute professionnelle grave. »

source : estrepublicain.fr
par
Émilie FIEROBE