Le premier centre de déradicalisation, à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire), sera aussi le dernier.

L’établissement n’accueillait plus de pensionnaires.

Pensionnaire mis en examen, absence de candidatures, établissement désert… Après une expérimentation de moins d’un an, le bilan du premier et unique centre de déradicalisation en France, ouvert en septembre 2016 à Beaumont-en-Véron (en Indre-et-Loire) est catastrophique. Aussi, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a officialisé ce vendredi sa fermeture définitive dans un communiqué.

“Malgré la compétence, la détermination et l’investissement des personnels du centre, qui ont démontré leur savoir-faire pour assurer une prise en charge pluridisciplinaire des bénéficiaires, l’expérience ne s’est pas révélée concluante. […] Le préfet d’Indre-et-Loire a été chargé d’entamer sans délai les consultations locales pour envisager la reconversion du site”, écrit le ministre.

Neuf pensionnaires au total

Le ministère indique que le centre n’accueillait plus personne depuis le mois de février. Au total, seuls neufs pensionnaires ont été admis alors que l’établissement avait été conçu pour suivre jusqu’à 25 personnes simultanément. “Aucun de ces jeunes n’a suivi le programme jusqu’à son terme”, déplore Gérard Collomb.

 “La reconversion à venir du centre de Pontourny ne signifie pas l’abandon d’une politique de prise en charge des publics en voie de radicalisation dans des structures adaptées”, poursuit le ministre. D’autres alternatives sont à l’étude, précise-t-il, notamment des “structures de petite taille”, chargées d’accueillir des individus judiciarisés. Il s’agirait de “solutions alternatives à l’incarcération”.

Polémiques autour du centre de Pontourny

Voulu par le précédent gouvernement, le centre de Pontourny était censé aider des jeunes tentés par l’islam radical à se réinsérer en leur proposant une pension complète, un suivi psychologique, des ateliers et des sorties… L’admission se faisait sur la base du volontariat et sous certaines conditions: l’individu ne devait pas avoir été condamné pour des violences ou être visé par une enquête judiciaire, notamment pour une tentative de départ en Syrie. Le centre avait vocation à n’accueillir que le “bas du spectre” des individus radicalisés et non les éléments les plus dangereux.

Outre l’absence de candidatures et les difficultés pour les autorités à cibler des profils, une polémique a entaché l’établissement. En janvier, l’un des premiers pensionnaires, Mustafa S., avait été interpellé lors d’une permission de sortie puis mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste et écroué. Il était soupçonné d’avoir tenté de rejoindre Daech en passant par l’Allemagne, peu avant son entrée au centre. En garde à vue, il a indiqué qu’il ne voulait “plus jamais” retourner au centre.

source : lexpress.fr