Article paru

le 8 avril 2010

[http://www.humanite.fr/2010-04-08_Societe_Mission-sectes-gare-aux-gourous->http://www.humanite.fr/2010-04-08_Societe_Mission-sectes-gare-aux-gourous]

{{Le rapport de la mission interministérielle s’alarme du développement du néochamanisme.}}

C’est la « déferlante du néochamanisme » qui préoccupe cette année la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Se présentant comme une « guérison spirituelle et psychique », ce néochamanisme est en plein développement. L’idéologie New Age, qui a pris de l’ampleur depuis sa naissance dans les années 1970, et Internet ont facilité la prolifération de cette « nébuleuse » de réponses au désarroi individuel, où se côtoient escrocs et gourous. Tout en veillant à différencier ce type de pratiques des « méthodes chamaniques ancestrales, en principe plus encadrées », la mission évoque les nombreuses dérives liées au chamanisme contemporain. « L’usage de substances dangereuses […] pouvant favoriser la mise sous emprise des personnes » et plus globalement, de techniques de « voyages » et de mise à l’épreuve du corps qui peuvent entraîner folie, coma ou décès, est dénoncé. La Miviludes s’est tout particulièrement penchée sur l’investissement de la thématique de la nutrition par des mouvements sectaires en « quête de pureté ». Elle souligne que les pratiques qui « comportent des règles alimentaires déséquilibrées […] ont révélé leur redoutable efficacité dans les processus d’emprise ayant conduit au suicide, ou à une mort prématurée d’adeptes ».

Les mineurs confrontés aux risques sectaires, notamment dans leur famille, ont également préoccupé la Miviludes. Ils encourent des risques en matière de santé, mais aussi de déscolarisation et de « désocialisation ». Néanmoins, il est souvent difficile pour les juges, notamment en cas de divorce, de faire la part entre protection de l’enfant et respect du droit de garde. En guise de réponse, la Miviludes propose « une campagne de sensibilisation […] en direction des parents » et la publication d’un guide pour les acteurs de la protection des mineurs.

Camille Bauer