Un homme installé derrière un ordinateur portable.

Les médias sociaux aident entre autres les groupes extrémistes à recruter de nouveaux membres. Photo : iStock/HyperionPixels

 

Le phénomène de radicalisation, religieuse ou politique, n’a cessé de faire les manchettes ces deux dernières années. Et le téléphone du CPRVM ne dérougit pas.

Le total des appels à l’aide et signalements, par téléphone et en personne, pour des cas de radicalisation ou d’incidents haineux suspectés est passé de 186 à 349 en deux ans, selon le bilan annuel de l’organisation.

Rien de surprenant aux dires d’Herman Deparice-Okomba, directeur du Centre.

Herman Deparice-Okomba, directeur général du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence.

Herman Deparice-Okomba, directeur général du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence Photo : Courtoisie/CPRMV

On est devenus une ressource bien connue de la communauté, et les parents qui nous appellent pour un jeune radicalisé savent que l’on n’est pas une organisation policière. Les gens veulent souvent être rassurés. Les Québécois ne prennent plus de risque, quand ils ont un doute, ils appellent.

Herman Deparice-Okomba, directeur du CPRVM

L’influence de la tuerie de la mosquée de Québec

Les appels à assistance liés à des radicalisations d’extrême droite ont explosé depuis deux ans. En 2015, 13 demandes avaient été déposées. En 2017, on en comptait 74.

Le directeur du CPRVM a cerné le point de bascule. « Il y a eu un avant et un après-Québec. Après la tuerie de la mosquée, on a reçu beaucoup plus de coups de téléphone. »

Ces appels viennent la plupart du temps des parents des personnes soupçonnées de se radicaliser.

On a reçu énormément d’échanges liés à des forums, sur les réseaux sociaux. Sur l’une des captures d’écran qu’on nous a envoyées, on avait pu lire “ça nous prend un autre Bissonnette [Alexandre Bisonnette, l’auteur de la tuerie de Québec]…”

Herman Deparice-Okomba, directeur du CPRVM

En comparaison, neuf demandes ont été faites pour des sujets d’extrême gauche, contre trois en 2016.

Les demandes liées à des incidents et des crimes haineux croissent aussi à vive allure. Seulement 4 demandes ont été faites en 2015, contre 41 en 2016 et 80 cette année.

Quant aux cas de radicalisation politico-religieuse, ils se maintiennent depuis 2015.

Quelque 132 demandes avaient été faites cette année-là, contre 126 en 2017. « 70 % de ces demandes sont relatives à une radicalisation islamiste. Le reste concerne souvent les témoins de Jéhovah », explique Herman Deparice-Okomba.

Les chiffres restent stables, mais le directeur du centre n’y voit pas un aveu d’échec du travail de prévention de son centre sur le terrain.

Des coups de fil en toute confidence

La plupart des appels à l’aide ne sont pas remis par la suite aux autorités policières. En 2017, sur les 349 demandes, seules 24 ont été transmises à la police.

Herman Deparice-Okomba explique qu’il transfère les demandes lorsque les appels dépassent leurs prérogatives. « Une personne nous a appelés pour nous dire que son fils avait comme projet d’aller dans un pays pour aller combattre les terroristes, et qu’elle avait trouvé son passeport, caché. Dans ce cas, on appelle la police. »

Pour les autres cas, un employé du centre valide l’information, un comité se rassemble et entre en contact avec la personne soupçonnée de radicalisation.

Les hommes représentent près des trois quarts des personnes concernées par les demandes d’assistance au centre. Pour le directeur du centre, hommes et femmes ne se radicalisent pas pour les mêmes raisons.

« L’homme va partir dans une quête identitaire spécifique, dans une attitude de mâle alpha, de guerrier. La femme qui compte partir en Syrie, par exemple, va être attirée par le côté humanitaire. »

source :

ICI Radio-Canada Grandmontreal