(Québec) Ébranlés par les «attaques» de nombreux détracteurs qui condamnent leurs croyances sans avoir en main tous les faits, les proches d’Éloïse Dupuis, cette témoin de Jéhovah décédée le mois dernier à l’Hôtel-Dieu-de-Lévis à la suite de son accouchement, préfèrent attendre les conclusions du coroner avant de se prononcer sur la mort de la jeune maman.

Les funérailles d’Éloïse Dupuis, décédée à l’Hôtel-Dieu de Lévis le 12 octobre, étaient célébrées samedi à Québec, à la Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah du boulevard Père-Lelièvre. Le Soleil, comme tous les médias, n’avait pas droit d’accès à la cérémonie.

Alain Beauchemin, ami et porte-parole désigné par la famille, a fini par formuler quelques commentaires au terme des obsèques. Il a d’abord affirmé que les parents, le conjoint et les proches d’Éloïse Dupuis étaient «démolis» par les événements qui se sont déroulés après la naissance de son enfant.

La jeune mère avait choisi d’accoucher dans une maison de naissance, mais des complications l’ont forcée à être transférée à l’Hôtel-Dieu-de-Lévis, où elle a passé six jours avant de mourir. Le bébé, Liam, serait en bonne santé.

Le coroner enquête actuellement sur les circonstances ayant mené à la mort de Mme Dupuis, dont le refus par cette dernière de recevoir toute transfusion sanguine, pratique obligatoire chez les Témoins de Jéhovah. Selon une tante et des amis de la disparue, elle pourrait avoir été forcée par des membres de la congrégation à prendre une telle décision, ce qui remettrait en question toute la notion de consentement libre et éclairé.

Alain Beauchemin a déclaré samedi qu’il y avait eu beaucoup «d’attaques» contre la communauté et ses croyances concernant ces allégations. Il soutient qu’il faut plutôt attendre les conclusions du rapport du coroner avant de juger. «Les Témoins de Jéhovah ont beaucoup été critiqués. Plusieurs ont pointé du doigt le refus de transfusion sanguine, mais ce n’est peut-être pas le seul élément qui a mené au décès d’Éloïse», a-t-il laissé tomber, se gardant d’aller plus loin.

{{Consentement éclairé}}

Sur le consentement, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a déclaré à l’Assemblée nationale, le 20 octobre, que la patiente avait donné son accord en toute connaissance de cause et en toute conscience. «À plusieurs reprises, […] pendant et après son accouchement, elle a été rencontrée par le personnel et les médecins de façon éclairée et indépendante, et sans pression extérieure, et elle a refusé», avait-il dit après avoir consulté la direction de l’Hôtel-Dieu-de-Lévis.

Une tante d’Éloïse Dupuis, Manon Boyer, demeure convaincue que des hauts placés des Témoins de Jéhovah, en plus du père de la défunte et son conjoint, l’auraient empêché d’avoir accès aux soins qui l’auraient maintenue en vie. Mme Boyer a porté plainte à la police quelques jours après la mort de sa nièce.

Cette tante organise par ailleurs un autre hommage en l’honneur de la jeune femme. Il aura lieu le 3 décembre prochain à Laval. Selon elle, l’histoire d’Éloïse doit être «connue partout et qu’elle ne soit pas morte en vain». «Il faut qu’elle ait été la dernière à mourir de cette façon et que plus jamais il n’y ait de petit Liam orphelin.»

http://www.lapresse.ca/le-soleil/justice-et-faits-divers/201611/19/01-5043266-mort-dune-temoin-de-jehovah-a-lhopital-le-conjoint-et-les-parents-demolis.php

DAVID RÉMILLARD
Le Soleil