Le groupe islamo-marxiste d’opposants au régime iranien exilés dans le Val-d’Oise a longtemps été sur les listes des organisations terroristes.

Le groupe d’opposants en exil des Moudjahidin du peuple (MKO) et le régime iranien ne partagent plus qu’une haine réciproque, lointaine mais tenace. Les premiers ont participé à la Révolution de 1979, avant qu’elle ne soit confisquée par les religieux conservateurs et dévore toutes les forces politiques concurrentes. Les Moudjahidin ont poursuivi leur lutte armée contre le nouveau pouvoir, et, péché originel qui leur vaut aujourd’hui encore une grande impopularité en Iran, se sont rangés derrière Saddam Hussein quand il est parti en guerre contre la jeune République islamique. Exilé, le MKO s’est réfugié en France, à Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise), et deviendra un irritant dans la relation jamais simple entre Paris et Téhéran.

Le groupe islamo-marxiste, dirigé par Massoud Radjavi puis sa femme, Maryam, a figuré pendant des années sur les listes des organisations terroristes aux Etats-Unis et en Europe. Son fonctionnement s’apparente surtout à celui d’une secte : pour protester contre une vague d’arrestations, dont faisait partie la dirigeante, des sympathisants s’étaient immolés par le feu à Paris au début des années 2000…

Un intense lobbying, grâce à des moyens financiers considérables dont l’origine est nébuleuse, et une évolution de leur moyen d’action leur ont permis d’être rayés des listes noires de Washington et de l’UE en 2009 et 2012. Le MKO, qui surveille de près ce qu’on écrit sur eux et n’hésite pas à menacer les médias de poursuites, se pose désormais en groupe d’opposants respectables, fournissant des renseignements sur le programme nucléaire iranien ou sur des bases secrètes.

Le régime ne manque jamais une occasion de s’en prendre à ceux qu’il appelle les «hypocrites». Il n’a ni oublié ni pardonné les attentats commis au lendemain de la Révolution, notamment celui du 28 juin 1981, le «Hafte Tir», qui décima la nouvelle classe dirigeante (73 morts). En 2015, l’assassinat d’un homme dans les environs d’Amsterdam l’a rappelé : selon une enquête de la BBC, il s’agissait de l’auteur de l’attentat de Hafte Tir réfugié sous une fausse identité aux Pays-Bas. Les commanditaires n’ont pas été identifiés.

 

source :

Libération

Par Pierre Alonso — 26 novembre 2020

https://www.liberation.fr/planete/2020/11/26/moudjahidin-du-peuple-de-la-lutte-armee-a-la-derive-sectaire_1806856