C’est un « besoin de nourrir (son) esprit » qui a poussé Mona Bras, à se tourner vers le néodruidisme, dont « la relation avec le divin passe par la culture de la fraternité, de l’identité, de la tolérance, de la sérénité, de la spiritualité et du respect de la vie dans tous ses aspects ».
Ni secte, ni religion, le druidisme contemporain est une démarche philosophique à vocation spirituelle qui fédèrerait près de 500.000 pratiquants dans le monde. Parmi eux, Mona Bras, qui lorsqu’elle n’est pas dans son costume d’élue municipale ou de conseillère régionale, endosse la saie du Gorsedd de Bretagne.
{{Comment êtes-vous venue au druidisme contemporain, ou néodruidisme ?}}
J’ai toujours eu un questionnement par rapport au sens de la vie et de la mort. Les systèmes religieux y apportent des réponses plus ou moins différentes, mais ma curiosité m’a, entre autres, poussée à lire, il y a plus de trente ans, des ouvrages du Grand Druide de Bretagne de l’époque, Gwenc’hlan Le Scouezec. J’ai alors développé une attirance culturelle, linguistique et philosophique pour le néodruidisme, dont la relation avec le divin passe par le rapport avec le monde humain, animal, végétal et minéral. Lorsque j’ai lu dans la presse locale que la cérémonie annuelle ouverte au public du Gorsedd (fraternité NDLR) de Bretagne avait lieu à Bannalec (29) en juillet, je m’y suis rendue. Et j’ai adhéré. C’était en 1985, et même si j’y suis moins assidue, j’en fais toujours partie.
{{Comment s’est passée votre intégration chez les druides ?}}
Pour intégrer le Gorsedd, c’est comme chez les Francs-maçons, il faut être parrainé. Mon parrain était Yann Brekilien, qui était écrivain et juge à Quimper (29).
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Y a-t-il une grande diversité d’origines socioprofessionnelles parmi les druides ?}}
tout à fait ! Le Gorsedd compte des enseignants, des artisans, des fonctionnaires, des avocats, des médecins, un chauffeur de bus… Il y a même eu des curés il fut un temps ! (rires). Le Grand Druide actuel, Per-Vari Kerloc’h, était cadre syndicaliste à La Poste. Le Gorsedd de Bretagne est ouvert à tous, hommes, femmes, quelle que soit sa couleur de peau, au cas où ça poserait des questions à certains.
{{Quel est le système hiérarchique d’une Gorsedd ?}}
Il n’y a pas de hiérarchie entre les membres, mais des ordres. Quand on entre dans le Gorsedd, après avoir été parrainé, on est novice pendant un à trois ans. Selon la catégorie socioprofessionnelle à laquelle on appartient ou ce vers quoi on penche le plus, on est orienté vers un des trois corps, auxquels correspondent des couleurs : le vert des ovates pour les personnes liées au domaine scientifique ; le bleu des bardes, pour les personnes du domaine des arts et des lettres ; et le blanc des druides, qui sont tout ça à la fois. Moi, je suis druide.
Le néodruidisme est donc une forme de spiritualité et relève davantage du domaine culturel que du domaine cultuel, c’est bien ça ?
Oui, même s’il y a des rites. Je tiens d’ailleurs à mettre en garde contre les sectes qui fleurissent en utilisant un imaginaire folklorisé, comme le chamanisme. Il est de notoriété publique que le chamanisme n’est pas une tradition celtique, mais sibérienne. Quand on dit qu’on est un chaman druidique, ça relève de l’escroquerie.
{{Comment se passe une cérémonie druidique ?}}
Le déroulé est le suivant : le cortège mené par le Grand Druide de Bretagne, l’Archidruide du Pays de Galles et la Grande Bardesse de Cornouailles, part en procession. Le public suit les bardes, ovates et druides porteurs des bannières, épée d’Arthur, chaudron, gui, grand cor, etc. Au centre du cercle de pierre, le Grand Druide salue les points cardinaux, prononce serment de la paix et prière des druides, procède avec les délégués gallois et corniques au rituel du glaive brisé ; puis, allocutions et appel des trépassés sont suivis de l’initiation des nouveaux membres. Enfin, le gui est distribué à tous avant de partager l’hydromel de la corne d’abondance.
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La ville de Guingamp a-t-elle un lien particulier avec le druidisme ?}}
Oui, Guingamp est liée à la renaissance du néodruidisme en Bretagne, puisque (citant la thèse de doctorat de Michel Raoult sur « Les druides, société initiatique contemporaine ») « le 1e r septembre 1900, à Guingamp, la Fraternité des Bardes de Petite Bretagne fut constituée à l’auberge de la veuve Le Falc’her, route de Callac, devenue depuis rue des Salles. Une plaque commémorant cet événement a été apposée sur le mur de l’ancienne auberge à l’été 1976, à l’occasion du Gorsedd de Guingamp ». Elle y est toujours.
Que doit faire celui qui souhaiterait rejoindre une fraternité druidique ?
Il faut se rapprocher du canal historique. Le Gorsedd de Bretagne a d’ailleurs un site internet qui permet d’en savoir plus et de le contacter.
Site internet
http://www.gorsedd.fr/
https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/guingamp/neodruidisme-la-quete-interieure-de-mona-bras-08-06-2015-10657369.php
par Virginie Chenard