PARIS, 17 jan 2008 (AFP) – Nicolas Sarkozy a réaffirmé jeudi soir devant les responsables religieux son attachement à la laïcité en tant que "respect de toutes les croyances et non un combat contre les religions", après un discours très critiqué à Ryad sur l’héritage "civilisateur" des religions. Recevant les autorités religieuses pour la cérémonie des voeux, le président "a réaffirmé son attachement au principe de la laïcité", "principe de respect de toutes les croyances et non un combat contre les religions", a rapporté le porte-parole de l’Elysée à l’issue de l’entretien du chef de l’Etat avec les responsables des six principales religions pratiquées en France: catholiques, musulmans, protestants, bouddhistes, juifs, orthodoxes. Cette rencontre a pris le tour d’un entretien dans le bureau du président et non d’un discours comme devant d’autres auditoires (parlementaires, syndicats…) "La reconnaissance du sentiment religieux comme une expression de la liberté de conscience et la reconnaissance du fait religieux comme un fait de civilisation font partie, au même titre que la reconnaissance de l’héritage des Lumières, de notre pacte républicain et de notre identité", a déclaré David Martinon dans un communiqué lu à la presse. "Dans la République apaisée et fraternelle que souhaitent les Français, tous ceux qui ont des convictions philosophiques, morales et religieuses devraient avoir à coeur de faire preuve de respect pour les convictions qu’ils ne partagent pas", a insisté David Martinon. Ce rappel de l’attachement de Nicolas Sarkozy à la laïcité intervient après ses propos polémiques, lundi à Ryad, sur l’héritage "civilisateur" des religions, et le discours prononcé en décembre à Rome, dans lequel il soulignait les "racines chrétiennes de la France". Recevant le titre de chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran, il avait pris ses distances avec la "laïcité à la française", incarnée par la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en lui préférant une laïcité qualifiée de "positive", c’est-à-dire qui "ne considère pas les religions comme un danger, mais un atout". Il avait critiqué une laïcité "épuisée" et menacée par "le fanatisme", allant jusqu’à juger de l’intérêt de la République d’avoir "beaucoup d’hommes et de femmes" qui "croient". M. Sarkozy a récidivé lundi, devant devant le Conseil consultatif du très rigoriste royaume saoudien. A côté de propos convenus dénonçant l’intégrisme, "négation de l’Islam", il a une nouvelle fois franchi les limites observées par ses prédécesseurs sur le sujet en exaltant les "racines religieuses" du monde. Son discours avait même pris des accents de sermon lorsqu’il avait évoqué "Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère", "Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes". Ce qui avait suscité le courroux à gauche. Au député PS Jean Glavany déplorant "un discours où Dieu n’est plus cité à chaque page mais à chaque ligne", la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie avait répondu que la "laïcité positive" du président s’opposait à la sienne, "négative", "sectaire". Même si elle a précisé que le gouvernement n’envisageait pas de "réformer" la loi de 1905, le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, est intervenu dans le débat en voyant dans ce texte "un des piliers de la République". "Le débat actuel sur la laïcité, c’est surtout une question de vocabulaire", a commenté le pasteur Claude Baty (Fédération protestante), "c’est beaucoup de bruit pour rien".