01.03.10 AFP

Dix-sept policiers ont été arrêtés, soupçonnés d’exécutions sommaires de membres de la secte islamiste pro-taliban Boko Haram l’an dernier lors d’une rébellion qui a fait plus de 800 morts, a annoncé lundi une source policière.

L’arrestation a suivi la diffusion le 9 février d’images vidéo de la chaîne satellitaire al-Jazeera montrant des policiers en train d’exécuter de jeunes militants sans armes, à l’extérieur du siège de la police de la ville de Maiduguri (Etat de Borno, nord-est).

“17 policiers qui sont apparus dans ces images ont été arrêtés à Maiduguri le 23 février et transférés au siège de la police à Abuja pour y être interrogés et pour qu’une enquête soit lancée”, a précisé par téléphone à l’AFP cette source policière.

Les arrestations ont eu lieu sur ordre du président par intérim Goodluck Jonathan, selon la même source.

La police n’a pas souhaité faire de commentaire officiel sur cette affaire, mais le chef adjoint de la police nationale Yemi Ajayi a confirmé les informations, selon les chaînes de télévisions privées locales.

Les images vidéo, diffusées sur plusieurs sites internet, puis téléchargées sur des téléphones portables, ont circulé dans tout le Nigeria, provoquant colère et critiques. Elles montraient les policiers ordonnant à ces jeunes de se coucher à terre en tournant le dos aux forces de l’ordre qui les abattaient ensuite sur un terre-plein au milieu de passants.

Certains policiers étaient reconnaissables au nom écrit sur des badges fixées sur l’uniforme. L’un d’entre eux criait “tire lui dans la poitrine, pas dans la tête, je veux son coeur”.

La chambre basse du parlement a créé le 10 février une équipe chargée d’enquêter sur ces exécutions et d’en présenter le résultat dans les deux semaines.

Mohammed Yusuf, 39 ans, le chef de Boko Haram (“l’éducation occidentale est un péché” en langue haoussa), avait été tué lors des combats qui ont éclaté en juillet 2009 avec les forces de sécurité dans plusieurs Etats du nord du pays, selon la police.

Mais celle-ci a été accusée de l’avoir exécuté alors qu’il était menotté.

Ces combats avaient fait plus de 800 morts, pour la plupart des membres de la secte en guerre contre le gouvernement.