Le gouvernement nigérian entend, pour sa part, améliorer la protection des églises.

Profondément touché par ce qui se passe au Nigeria, Benoît XVI a vivement réagi aux attentats terroristes du 17 juin qui ont visé trois églises du Nord du pays et fait une cinquantaine de morts tant parmi les fidèles chrétiens et les forces de l’ordre que parmi les musulmans tués en représailles. Il s’est aussi directement adressé aux responsables de ces violences, « afin que cesse immédiatement l’effusion de sang de tant d’innocents », et a appelé « à la pleine collaboration de toutes les composantes de la société nigériane », en vue de la renonciation à « la voie de la violence ».

Le pape n’est pas à le seul à être inquiet pour les chrétiens de ce pays. Andrea Riccardi, ministre chargé de la coopération internationale et de l’intégration dans le gouvernement italien, a dénoncé, dans le journal « La Croix », « la stratégie perverse de Boko Haram » visant à « provoquer une guerre civile ». Un objectif que ne conteste nullement le porte-parole du groupe islamiste. « L’État nigérian et les chrétiens sont nos ennemis », a-t-il déclaré, « et nous lancerons des attaques contre l’État et son appareil sécuritaire, ainsi que contre des églises, jusqu’à ce que nous achevions notre but, qui est d’établir un État islamiste à la place de l’État laïc. » Boko Haram a d’ailleurs informé avoir 300 kamikazes prêts à attaquer les églises chrétiennes dans les États de Kaduna et du Plateau. la secte entend ainsi montrer au monde entier que les forces de sécurité nigérianes ne sont pas en mesure de les arrêter.

Un gouvernement peu efficace

Il est vrai que jusqu’à présent, le président Goodluck Jonathan s’est montré particulièrement peu efficace dans sa lutte contre Boko Haram, au grand désespoir de l’Association chrétienne du Nigeria, qui regroupe la plupart des Églises du pays. Pressé de toutes parts, le chef de l’État s’est heureusement décidé à intervenir et a annoncé, le 24 juin dernier, son intention d’améliorer la protection des églises, principalement lors des cérémonies du dimanche. « Ceux qui attaquent des églises veulent ouvrir une crise religieuse », a-t-il déclaré. « Ils pensent que lorsqu’ils attaquent une église, des jeunes chrétiens vont se révolter contre de jeunes musulmans. Ils se moquent bien de savoir qui va mourir. »

De fait, les attentats du 17 juin ont aussitôt entraîné de violentes représailles de la part de chrétiens, puis de musulmans, obligeant les autorités à placer sous couvre-feu les villes de Kaduna et de Damataru. Pour Andrea Riccardi, ces représailles sont « la réponse de personnes qui n’en peuvent plus ». « Toute violence doit être condamnée », reconnaît-il, « mais comment ne pas comprendre l’exaspération des chrétiens? »

Il ne faudrait toutefois pas réduire ces tensions à des critères ethniques et religieux, estiment de nombreux spécialistes du Nigeria. Selon eux, se cacherait effectivement derrière toute cette violence une demande de rééquilibrage économique entre le Nord, à majorité musulmane, et le Sud du pays, à majorité chrétienne, où se trouvent les principales régions pétrolières. S’attaquer à une église serait donc pour Boko Haram une façon de s’en prendre à un des symboles du pouvoir.

source : InfoCatho.be
26/06/2012
par
Pascal André

http://info.catho.be/2012/06/25/nigeria-un-nettoyage-religieux-systematique/