Les Légionnaires du Christ, mouvement catholique éclaboussé par les crimes pédophiles de son fondateur, ont évité l’auto-dissolution, soutenus par le Saint-Siège qui croit à leur volonté de “se libérer” du passé, a-t-on appris mardi auprès de cette congrégation.

Après un mois et demi de “chapitre général” (regroupant les dirigeants de la Congrégation) près de Rome, les Légionnaires ont clos leurs travaux sans rupture interne.

Lors d’une messe finale, le cardinal Velasio de Paolis, commissaire du pape à leur tête depuis 2010, leur a donné son blanc-seing en affirmant que “les Légionnaires ont pu se réconcilier avec eux-mêmes” et conserver leur “charisme” propre.

“Ils ont regardé en eux-mêmes avec un regard purifié, et examiné la situation actuelle pour déceler les traces potentielles de pollution laissées par le fondateur sur leur identité, leur législation et leur méthode de travail”, s’est-il félicité.

La congrégation des Légionnaires, créés en 1941, a été indissolublement liée à son fondateur Marcial Maciel, entouré d’un culte de la personnalité, et qui s’est révélé un pédophile corrompu et sans scrupules. Il est mort en 2008 au Mexique.

Quand le “chapitre” s’est ouvert début janvier, d’anciens membres souhaitaient leur dissolution, accusant leurs dirigeants d’avoir couvert les crimes de Maciel.

La puissante congrégation était très appréciée de Jean Paul II, en raison de nombreuses vocations dans ses rangs, alors que Vatican est accusé d’avoir longtemps refusé d’écouter les victimes.

A l’issue d’un “long examen de conscience” et d’un “processus de purification”, la nouvelle direction des Légionnaires a approuvé ses nouveaux statuts qui doivent encore l’être par le pape François.

Un nouveau directeur général, le père mexicain Eduardo Robles Gil, 61 ans, a été élu et la congrégation a fait amende honorable pour les “actions très graves et immorales” de Maciel.

Mais pour l’une de ses victimes, le Français Xavier Léger interrogé par l’AFP, “ce mea culpa interdit aux membres d’aller dans les détails (des crimes). Il leur intime: désormais vous n’avez plus le droit de chercher la vérité”.

“Ce qui s’est passé pendant un mois et demi, c’est du toilettage. On a refait la façade. Ce chapitre a été la ratification d’un processus orchestré en amont” au Vatican, pour sauver une congrégation puissante, “une secte irréformable”, d’une possible dissolution, s’insurge-t-il.

Le père Maciel est accusé de nombreux abus énumérés dans le “mea culpa” : “abus de mineurs séminaristes, actes immoraux commis avec des hommes et des femmes adultes, usage arbitraire de son autorité et des biens, consommation exagérée de médicaments addictifs, appropriation d’écrits publiés par des tiers”.

La Commission des droits de l’Enfant de l’ONU a publié un rapport très critique à l’égard du Vatican pour sa gestion des abus pédophiles. Le pape François a annoncé en décembre une commission d’experts pour protéger les enfants au sein des institutions de l’Eglise mais sa composition n’est toujours pas connue.

source : Afp | 25 Février 2014