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RTBF 19.02.10

Pour le neurologue Steven Laureys, la « communication facilitée » utilisée avec Rom Houben ne marche pas. Son équipe de l’Université de Liège est en train de développer une technique de communication avec les patients comateux par scanner. Le neurologue Steven Laureys de l’ULg et son équipe a effectué des tests sur Rom Houben, ce patient plongé dans le coma depuis une vingtaine d’années, qui indiquent que Rom Houben est bien conscient. En revanche, contrairement à ce qu’on a cru, il ne communique pas. En réalité, Steven Laureys explique, au micro d’Arnaud Ruyssen, qu’il a toujours recommandé la plus grande prudence vis-à-vis de la « communication facilitée », via un ordinateur adapté et une accompagnatrice qui l’aide à toucher un écran tactile. Jusqu’à peu, aucune étude scientifique n’avait validé ce système de « communication facilitée », même s’il était assez largement utilisé, rappelle Steven Laureys : « L’étude effectuée par Marie-Aurélie Bruno de mon équipe a montré que, dans la majorité des cas, cela ne marche pas ». Astuce bizarre mais nécessaire Il faut être très prudent également quant au rôle de l’accompagnateur du patient comateux peut jouer. Il faut faire d’autres recherches, selon lui ; au contraire, « il faut trouver des moyens de communication non facilités, indépendants ». On a des nouvelles technologies qui nous permettent de faire la différence entre conscience et communication, dit-il : « Récemment on a publié dans le New England Journal of Medicine un moyen de communication grâce au scanner. Le problème est que si je vous pose une question, je ne peux pas savoir avec un scanner si vous me répondez oui ou non. Donc on doit utiliser une astuce, bizarre mais nécessaire. Je vais vous dire : si vous voulez me dire oui, vous imaginez de pratiquer votre sport favori, si vous voulez me dire non, vous imaginez de retrouver votre chemin. Que se passe-t-il dans votre cerveau ? Si vous imaginez de pratiquer un sport, il y a une région motrice qui va s’activer, je peux facilement le mesurer et je verrai apparaître sur l’écran : là il me dit oui. L’autre tâche, là il me dit non. C’est un moyen de communiquer, mais c’est clair que ce n’est pas une communication pratique pour ces patients. C’est très cher et très difficile et en plus, lorsque je ne vois rien sur le scanner, je ne peux rien dire. Il faut encore beaucoup améliorer ces techniques. Dans le cadre d’un projet européen qui s’appelle Décoder, avec les meilleurs centres en Europe, à l’Université de liège, on essaye d’utiliser cette technique qui s’appelle les interfaces cerveau-ordinateur, où on mesure l’activité électrique du cerveau pour pouvoir établir une communication spécifiquement dans le cadre du coma ».

A.L. avec A. Ruyssen – RTBF