Le nouveau “prélat”, âgé de 72 ans, était le numéro deux de l’organisation depuis 2014. Il a été choisi lundi soir à Rome par 156 prêtres et laïcs masculins, puis nommé par le pape François, a annoncé mardi l’Opus Dei.

“L’Oeuvre de Dieu” – traduction de son nom latin – a été fondée en 1928 en Espagne par un jeune prêtre, Jose Maria Escriva de Balaguer (1902-1975), convaincu que la sainteté pouvait être atteinte dans les petites choses du quotidien et surtout à travers une activité professionnelle. De fait, elle compte surtout des laïcs.

L’Opus Dei a choisi la continuité puisque Mgr Fernando Ocariz a personnellement connu son fondateur, en vivant dans le même centre lorsqu’il était étudiant en théologie à Rome. Il a aussi accompagné en voyage pendant deux décennies son prédécesseur Javier Echevarria, mort le 12 décembre à Rome, à 84 ans.

Né à Paris en 1944 au sein d’une famille nombreuse espagnole qui s’était exilée en raison de la guerre civile, Fernando Ocariz a obtenu un doctorat de l’Université de Navarre en 1971, année lors de laquelle il fut ordonné prêtre. Il enseigne la théologie à l’Université pontificale de la Sainte-Croix à Rome (gérée par l’Opus Dei).

L’Opus Dei revendique 92.600 membres dans le monde (dont 2.083 prêtres mais aussi 57% de femmes), qui pratiquent leur foi de manière stricte et discrète.

– Pratiques exigeantes –

Certains laïcs (“les numéraires”) s’engagent à la chasteté et à l’obéissance, vivant en communauté dans des centres de l’Opus Dei et reversant une grande partie de leurs revenus à l’organisation. La majorité (“les surnuméraires”) sont toutefois mariés et fondent souvent des familles nombreuses.

Très pieux, ils ont un emploi du temps exigeant, avec une heure de prière chaque jour en plus de la messe. Certains prêtres et numéraires choisissent aussi les mortifications physiques, comme le port d’un cilice (une chaîne munie de pointes).

Une partie des membres sont des personnalités du monde politique ou économique, ce qui suscite régulièrement des interrogations sur l’influence réelle ou supposée de l’Opus Dei.

“L’Oeuvre”, qui a son siège à Rome, s’était installée en Espagne sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975), qui dès les années 1950 comptait de nombreux membres parmi ses ministres.

Fernando Ocariz a cependant balayé ce passé mardi: “Il y a beaucoup de catholiques qui ont été franquistes. Moi je ne le suis pas, par héritage familial. Mais, l’Opus Dei n’est ni franquiste ni non-franquiste, car elle n’a rien à voir avec la politique”, a-t-il déclaré devant la presse.

L’Opus Dei est également très présente en Amérique latine, et en particulier au Chili, où elle a foisonné sous le régime d’Augusto Pinochet.

Si son image tend à se normaliser grâce un effort de transparence, l’organisation ne manque pas de détracteurs. Au premier rang desquels d’anciens membres “numéraires” qui dénoncent un “culte de la personnalité” du fondateur, des “abus spirituels” voire une “emprise mentale” constituant des “dérives sectaires”.

Des voix à l’intérieur même de l’Eglise catholique font aussi planer des soupçons de manipulations et d’intégrisme, réfutés par l’organisation.

La canonisation en 2002 par Jean Paul II du fondateur Josemaria Escriva de Balaguer lui a fourni de précieux gages de respectabilité, tout en mettant en exergue la puissance de l’organisation dans les rouages du Vatican. Son successeur Alvaro del Portillo a été béatifié en 2014 par le pape François.

Le Vatican a d’ailleurs cherché à démonter le roman “Da Vinci Code”, le succès planétaire de Dan Brown dans lequel un évêque de l’Opus Dei ordonne des meurtres à un moine de l’organisation (qui ne compte pas de moines), adepte de mortifications sanguinolentes.

Plus récemment, le Saint-Siège a choisi comme porte-parole un membre de l’Opus Dei, Greg Burke, ancien journaliste américain de Fox News.

Le nouveau “prélat” Fernando Ocariz est pour sa part consultant dans trois institutions clefs du Vatican.

source : rtl.be.fr
AFP , publié le 24 janvier 2017 à 09h43