QUÉBEC – Le 22 mars 1997, les yeux du monde se sont braqués sur la petite localité de Saint-Casimir de Portneuf pour tenter de comprendre pourquoi cinq membres de l’Ordre du temple solaire se sont enlevés la vie dans une répétition des drames survenus en 1994 et 1995 en France, en Suisse et au Québec.

«Une maison comme les autres»

Malgré le film d’horreur qui s’est joué devant chez lui, M. Perreault a tout de même décidé d’acheter la petite maison où a eu lieu le drame, après que la succession de Didier Quèze eut mis en vente le 70, rang Notre-Dame.

Nombreux curieux

L’homme a ensuite rénové la résidence incendiée avant de l’habiter. S’il ne voit rien de particulier à vivre dans cette tristement célèbre résidence, M. Perreault avoue que de nombreux curieux se sont arrêtés chez lui afin de visiter la funeste maison, lui offrant même de l’argent pour une visite, ce qu’il a toujours refusé.

Plusieurs étaient également intrigués de savoir si la maison abritait des «esprits». L’homme balaye toutefois cette question du revers de la main. «Il n’y a aucune présence ici; je l’habite depuis 2000, c’est une maison comme les autres», réfute-t-il.

Tous n’ont cependant pas le même détachement par rapport au drame qui s’est joué à cet endroit. Le frère de René Perreault, Luc, avoue avoir eu de la difficulté à mettre les pieds dans la maison des Quèze. «Je n’ai pas aimé ça, entrer, au début.»

Le tuteur des enfants

Le voisin connaissait bien les enfants Quèze en raison du lien d’amitié qui existait avec ses propres enfants.

D’ailleurs, M. Perreault était un des rares de Saint-Casimir à savoir que ses voisins avaient été membres de l’Ordre du temple solaire, mais croyait que cette secte n’existait plus. «Je ne savais même pas qu’ils étaient encore là-dedans», indique-t-il.

Après le drame, René Perreault a donc été le tuteur de Tom, 13 ans, Fannie, 14 ans, et Julien Quèze, 15 ans, orphelins et sans famille au Québec, jusqu’à ce que les enfants retournent rejoindre leurs grands-parents en France.

«C’est moi qui les connaissais le mieux ici. Je les ai accompagnés jusqu’à ce qu’ils partent pour la France, pendant deux mois de temps environ», raconte l’homme qui a accepté pour la première fois en 15 ans de parler de cette histoire publiquement.

La famille Perreault a gardé contact avec les trois enfants, 15 ans après les faits. «J’ai gardé des liens avec les enfants. Ils vont très bien; ça fait 15 ans de ça et ils s’en sortent bien. La vie continue et ils sont heureux en France avec leur famille», conclut celui qui leur a rendu visite l’an dernier.

La fin de l’OTS?

«Saint-Casimir, c’est le dernier voyage des derniers fanatiques; c’est ceux qui étaient frustrés de ne pas être partis avec les autres. Il ne reste plus rien sauf des anciens qui sont revenus dans la vie réelle; ils ne sont plus dans l’idéologie, ils se revoient comme des amis autour d’une pizza. Il n’y a plus de dangerosité.»

— Arnaud Bédat, journaliste suisse expert de l’OTS

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Saga médiatique à Saint-Casimir

QUÉBEC – À la suite du drame, Saint-Casimir a été le théâtre d’un cirque médiatique sans précédent, en plus de devenir involontairement une attraction pour des centaines de visiteurs.

La quiétude de Saint-Casimir a été dérangée de bien des façons par le drame de l’OTS. En plus des médias québécois qui ont abondamment couvert la nouvelle dans les jours suivant le drame, les échos que cette tragédie a eus en Europe en raison des trois suicides collectifs survenus en 1994 et 1995 en Suisse et en France, a attiré de nombreux médias internationaux.

«Ça venait de partout pendant des mois, de la Suisse, de la France. J’en ai fait des entrevues; c’était l’enfer», se rappelle le chef pompier, Clément Godin.

Attiré par la résidence des Quèze, qui a longtemps porté les marques de l’incendie, un tourisme morbide de curieux désirant voir de leurs propres yeux où avait eu lieu le suicide collectif, a fait en sorte de créer une atmosphère particulière dans le village, au cours de l’été 1997.

La famille de Didier Quèze, qui habitait en France, s’est retrouvée elle aussi au milieu d’une énorme tempête médiatique qui a duré près d’un mois. «Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que ça a été. On a été traumatisé par ça», a commenté Mathilde Quèze, la mère de Didier Quèze rejointe par le Journal de Québec. «Il y avait des journalistes devant notre porte; on ne pouvait même plus sortir», se rappelle-t-elle.

Aide psychologique

Pour leur part, les pompiers qui ont eu à intervenir sur les lieux ont finalement suivi une thérapie de groupe un mois après les événements. «J’ai demandé à des psychologues de venir et, finalement, ça a fait du bien. On a tout sorti ce qu’il y avait à sortir», raconte le chef pompier.

Ce dernier a aussi été touché directement par le drame. «C’est moi qui ai rempli les bidons d’essence. Je me souviens, il (Didier Quèze) était bien poli, il m’a dit: ”Salut à la prochaine”. Jamais il n’a laissé voir quelque chose», se souvient M. Godin, également propriétaire de la station-service.

Source : Agence QMI
Nicolas Saillant
20/03/2012

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2012/03/20120320-062424.html