Le château de Martel, restauré en 1862 et situé à Monflanquin (Lot-et-Garonne), appartient à la famille de Védrines depuis le XVIIe siècle. Mais le 29 janvier 2008, devant notaire, elle vend cette propriété à la SCI Yife, gérée par Soufiane Besbes, pour la somme de 460 000 €.

Sept ans plus tard, la famille souhaite récupérer son ancienne bâtisse qui, depuis, a été vendue à une tierce personne. L’audience aurait dû avoir lieu ce jeudi devant le tribunal de grande instance d’Agen. Elle a été reportée à une date ultérieure. Mais la famille, plus que jamais, reste convaincue du bien-fondé de sa démarche.

{{Pas sain d’esprit}}

Me Daniel Picotin, l’avocat des de Védrines, fait valoir un argument de poids : l’article 414-1 du code civil : « Pour faire un acte valable, il faut être sain d’esprit ». Or, rappelle, l’avocat, pas moins de onze membres de cette famille – surnommés les reclus de Monflanquin- ont été sous l’emprise d’un gourou, Thierry Tilly, de 2000 à 2009. Parmi eux, un médecin et une chef d’entreprise.

Par deux fois, en première instance et en appel, la justice a condamné cet homme pour avoir abusé de ces personnes « en état de sujétion psychologique ou physique ». Dix ans de prison ferme en appel. Le psychiatre Daniel Zagury qui a examiné les membres de cette famille, a confirmé qu’elles étaient « en état d’emprise mentale ».

L’emprise de Thierry Tilly était telle qu’il avait astreint Christine de Védrines, 58 ans à l’époque, documentaliste de formation, à rester assise sur un tabouret durant près de deux semaines. Il avait aussi convaincu la famille qu’elle était la cible d’un complot orchestré par les Renseignements généraux…
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Le rôle trouble du notaire}}

Dans sa procédure, l’avocat de la famille de Védrines vise aussi le notaire qui a permis la vente du château. Pourquoi cette propriété, située sur un terrain de 1,6 ha, n’a-t-elle été vendue que 460 000 €, alors qu’elle était estimée à 1,2 million d’euros ? Ce 29 janvier 2008, le représentant de la famille de Védrines était venu signer un contrat de prêt, assorti d’une garantie hypothécaire. Pourquoi le notaire qui, le jour-même, avait reçu une lettre anonyme l’informant de la situation dans laquelle se trouvait la famille de Védrines, a-t-il refusé le prêt, mais a accepté de rédiger un acte de vente ?

Pourquoi, enfin, en plus de l’acte de vente, le même jour, une convention de revente a été signée ? Celle-ci stipulait que cinq ans plus tard, la SCI Yife revende le château à la famille de Védrines au prix de… 850 000 € ?

Malgré les arguments de cette famille, il ne lui sera pas aisé de retrouver son bien. Entre-temps, la bâtisse et le terrain ont été revendus à un troisième propriétaire (au prix de 560 000 €). Et ce dernier, bien sûr, réclame que la demande des de Védrines soit rejetée.

ouestfrance.fr par Pierrick BAUDAIS.