Branle-bas de combat dans l’église charismatique version catholique. À partir du vendredi 25 septembre et jusqu’à dimanche inclus, le mouvement charismatique tient un Congrès mission « au cœur du bruit de la ville Lumière », avant d’entamer une tournée délocalisée en province. Mais qu’est-ce qu’un Congrès mission ? Un rassemblement « de quelques allumés, précisent les organisateurs qui font mine de s’interroger : Nous pouvons nous demander pourquoi y aller et s’agiter « à la bougie » ? ». Bonne question.
Cette étrange introduction laisse place au programme très riche de ces trois jours dont le but est de redynamiser une Église considérée comme décidément trop plan-plan : « la tiédeur ou le découragement peuvent gagner sans faire de bruit… les prêtres, votre curé et les fidèles engagés . » Le Congrès mission ne cache pas sa volonté de recruter de nouveaux fidèles et de réveiller par tous les moyens une Église trop endormie à son goût.
Pour se faire, on balaie large sur les thématiques et on ne lésine pas sur les nouvelles technologies pour diffuser les débats rances de l’Église : la douleur, la sexualité… Des thèmes qui décidément titillent toujours les religieux de quelle obédience qu’ils soient.
On commence avec la thématique : « Vie de couple et mission ou comment mieux comprendre et faciliter la relation couple-prêtre. » Si on s’en tient au déroulé du programme, rien de bien folichon. Il faut cliquer un peu sur les intervenants pour tomber sur des personnes pleines de surprises. Comme cette Marie-Gabrielle Ménager et son propos sur « Good Sex ? Oh my God ! ». Son but ? « Parler dans la rue de la beauté de la sexualité ». Gaffe quand même à ne pas tomber sous le coup du racolage actif !
Un petit tour sur la toile nous apprend que Marie-Gabrielle Ménager est la « fondatrice avec son marie (sic) Emmanuel » des forums Wahou. « Wahou, c’est le cri qu’a dû pousser Adam en découvrant Ève. C’est le magnificat de l’Église devant la beauté du projet de Dieu sur l’amour et la famille », peut-on lire sur la page d’accueil. Ces rassemblements ouverts aux familles, aux célibataires, aux prêtres permettent de découvrir « la signification du corps et de la sexualité dans le plan de Dieu. » Et ce, afin de mettre la sexualité « au service de la nouvelle évangélisation. »
« Transformer les followers en missionnaires »
Attendre que naissent les nouvelles recrues c’est bien. Se servir de la technologie c’est mieux et plus efficace pour lever des armées de croyants catholiques. Et, si le confinement a permis de lancer une chaîne paroissiale YouTube afin de « rejoindre des personnes loin de l’église », une présence active sur les réseaux sociaux permettra, elle, de « transformer les followers en missionnaires. »
Quelques-uns des thèmes du Congrès mission proposent des pistes de ce que trament les charismatiques catholiques pour se rendre visible sur la place publique, « en présentiel » comme on dit maintenant, et de susciter des vocations. Ça donne, par exemple cet « atelier » sur les prières de rue. Et de citer en exemple ce qu’il faudrait généraliser comme la paroisse de Villeurbanne où, le dimanche matin, les missionnaires arpentent le trottoir, « deux par deux » pour « proposer à des personnes croisées dans la rue, sur les marchés, dans les parcs… de prier pour elles « ici et maintenant » ». Et Ô miracle si on en croit sur parole le site du Congrès, « beaucoup s’en trouvent pacifiés, bénis, guéris ».
Derrière le côté gentillet et les bonnes paroles pleines d’amour de Jésus et de l’Eucharistie, le renouveau charismatique propage son idéologie réactionnaire, genre manif pour tous et ne cache rien de sa volonté expansionniste. Ce mouvement qui marche avant tout au pragmatisme s’intéresse de très près à la jeunesse. On y parle « marché du spirituel » pour évoquer le risque de voir des jeunes « sombrer » vers des sectes, « des expériences spirituelles marginales », être tentés par « la magie, le spiritisme, occultisme, le satanisme ». Pour y remédier, les adeptes charismatiques veulent rendre Jésus moderne et l’église catholique « sexy ».
L’école publique ? « Cette forteresse de l’anti-christianisme »
Lors d’un précédent Congrès mission, tout un débat était consacré à : « Évangéliser l’école, c’est possible ! ». Autour de la table, un responsable de l’enseignement catholique, une mère de famille de sept enfants – applaudissement dans la salle – devenue membre de l’équipe pastorale du Collège Stanislas. Mais aussi un religieux blondinet, le frère Benjamin Dewitte-Dubrana, qui se consacre à la jeunesse en perdition : les suicidaires ou ceux qui ont comme « problématiques » les « scarifications, les abus sexuels, l’homosexualité (sic) ».
Enfin, le clou du spectacle c’est sans doute Jean-François Chemain, professeur en Zep et auteur de Kiffe la France sur les perles de ses élèves « musulmans à 80 % », les autres étant « en passe de le devenir. C’est l’évangélisation à rebours ». Et le prof de dresser un panorama inquiétant des collèges en proie à l’islamisation galopante. Mais il y a pire encore : l’institution scolaire, « la forteresse de l’antichristianisme, de l’anticatholicisme ». La formation des profs ? « Un harcèlement, un pilonnage anti-chrétien ». Heureusement, il peut de temps à autre, lors de moment de grâce, profiter d’un cours d’histoire pour faire une heure de catéchisme devant des petits musulmans qui tantôt veulent brûler Jeanne d’Arc, tantôt sont béats devant les saints-sacrements. À écouter ci-dessous à partir de 45 min 35.
Moins visible que l’islam dans ses revendications sociétales, le mouvement du renouveau charismatique n’en est pas moins actif pour tenter d’évangéliser la population et remettre la religion catholique dans la sphère publique. Au XXIe siècle les guerres des religions seront hyper médiatiques et n’ont pas fini de nous emmerder. •
source : Natacha Devanda ·