Les conséquences de ce phénomène sont déjà visibles : plusieurs pays dont la France ont été touchés par des épidémies de rougeole, qui avaient disparues depuis plusieurs années. Si l’on observe les chiffres, on pourrait considérer l’Australie comme épargnée par ce mouvement.
La couverture vaccinale des enfants de un à cinq ans atteint en effet 97 %, un taux nullement atteint en France, même en ce qui concerne les pathologies contre lesquelles la vaccination est « obligatoire ». Malgré tout, les autorités australiennes se montrent très vigilantes, en particulier depuis l’épidémie de rougeole survenue en novembre 2012 à Sydney.
Elles s’inquiètent de la progression du nombre de familles choisissant d’invoquer des « interdits » religieux ou d’opposer des objections « philosophiques » pour contourner l’obligation vaccinale. Ils étaient en effet 15 000 il y a dix ans, ils sont aujourd’hui 39 000. Cette augmentation incite aujourd’hui les pouvoirs publics à plus de rigueur dans l’octroi de ces « exemptions ».
Ainsi, désormais, pour pouvoir se prévaloir d’une religion pour refuser les vaccins, il faudra prouver que cette dernière réprouve officiellement cette pratique.
Comme de telles « sectes » sont rares, un groupe Australien a déjà trouvé la parade il y sept ans en fondant l’Eglise du vivant conscient, dont l’un des principaux fondements est « Tu ne vaccineras point » Mais plus encore que les impératifs religieux, ce sont les objections « philosophiques » qui sont dans le viseur des autorités australiennes. Elles ne pourront désormais plus être invoquées.
{{Une mesure contre productive}}
Et pour renforcer encore sa détermination contre ceux qui ne présentent aucune raison médicale de ne pas faire vacciner leur enfant, le gouvernement prépare actuellement un projet de loi qui vise à supprimer les allocations familiales (dont le montant peut atteindre jusqu’à 10 800 euros par enfant et par an) en cas de non vaccination. « Pas de piqûre, pas d’argent » a résumé avec simplicité le Premier ministre australien hier, Tony Abbott. « C’est une importante mesure de santé publique. Il est très important que nos familles et nos enfants soient le plus en sécurité » a-t-il ajouté. Cette disposition a de grandes chances d’aboutir puisque l’opposition travailliste y est également favorable. Pourtant, de nombreuses voix se sont exprimées à travers les pays pour dénoncer un tel programme. Outre les lobbyistes anti vaccination qui brandissent le spectre d’un hypothétique danger et prétendent vouloir se battre pour la liberté individuelle, certains s’inquiètent également du caractère potentiellement contre-productif d’une telle mesure. « L’histoire nous apprend que les mesures répressives ont tendance à galvaniser et à radicaliser les mouvements extrémistes » remarque la pédiatre Kristine Macartney dont les propos ont été repris par le site Slate. Il n’est cependant pas exclu qu’une telle disposition ait une influence auprès de ceux dont les convictions n’étaient pas solidement étayées et qui ne faisaient que s’inscrire dans un mouvement qui gagne en ampleur grâce à internet. Il est vrai cependant que la perspective d’une perte financière ne fera pas plier les plus déterminés ; d’autant plus que ce mouvement anti vaccination touche une frange souvent aisée de la société. Mais la principale inquiétude des médecins concernent surtout le sort des familles les plus déshéritées, qui comptent également parmi celles qui se dispensent de la vaccination, pour des raisons de coût. A leur égard, la suppression des allocations pourrait représenter une double peine.
Quelle que soit la pertinence d’une telle action, cet exemple australien illustre combien la lutte contre les conséquences délétères de l’action des groupes anti vaccination passe par des réponses différentes en fonction des pays. En France, pays de Descartes oblige, on s’intéresse en effet à des voies très différentes et notamment la suppression du caractère obligatoire de certaines vaccinations, afin que celles qui ne sont pas inscrites dans ce cadre ne soient plus perçues comme non nécessaires.
source : http://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/pas_dallocation_sans_vaccination_laustralie_montre_t_elle_l_exemple__151537/document_actu_pro.phtml
par Léa Crébat