Didier N., 60 ans, est-il un « monstre lubrique » et un « charlatan », ou bien un professionnel soucieux du bien d’autrui ? Ce sera au tribunal correctionnel de trancher, après les cinq heures de débats – truffés d’un peu de « charabia » – qui se sont déroulées hier après-midi : il rendra sa décision le 3 mars.

Tout débute en août 2010, quand une jeune femme dépose une plainte au commissariat : elle dénonce alors les pratiques de celui qui venait de la masser avec des « gestes déplacés », allant jusqu’à lui mettre un ou des doigts dans l’anus. Les enquêteurs identifieront trois autres victimes, des jeunes femmes âgées d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années, qui ont subi des « actes similaires ».

Les policiers s’intéresseront aussi aux annonces que Didier N. déposait alors sur le site Vivastreet. On le découvre tout à tour sexologue, magnétiseur, rebouteux, psychothérapeute, spécialiste en relaxation ou en soins hors cadre réglementé… et même photographe. Il met aussi en avant son expérience d’ostéopathe. Il recevait alors chez lui des « patients » qui souffraient (du dos, des jambes lourdes, etc.) mais aussi des « modèles », qu’il recrutait pour tester une méthode originale de « drainage, de modelage corporel et d’action sur les points d’acupuncture » : il souhaitait faire breveter celle-ci pour ensuite l’enseigner aux cabinets d’esthéticiennes…

Deux victimes de pénétrations, qui se sont constituées parties civiles, sont venues témoigner à l’audience. Pour les agressions sexuelles et pour l’usurpation du titre d’ostéopathe, le procureur a requis dix-huit mois de prison avec sursis, avec une interdiction d’exercer une profession paramédicale et une inscription au fichier des délinquants sexuels (FIJAIS).

Me Thierry Sagardoytho a plaidé une relaxe totale : il soutient que son client – « qui a suivi de nombreuses formations » – ne s’est jamais prévalu du titre d’ostéopathe après 2007, et que les manipulations qu’il a effectuées en tant que rebouteux étaient « conformes aux pratiques, même si elles ont pu être mal comprises ».

source : LA REPUBLIQUE DES PYRENEES.fr