Ses adeptes assurent vivre exactement selon les préceptes de la Bible. Voilà des années que la secte “Tabitha’s Place” est dans le viseur des forces de l’ordre, soupçonnée de violences sur mineurs. À Sus, dans les Pyrénées-Atlantiques, une dizaine de personnes ont été interpellées et certaines placées en garde à vue après une vaste opération de gendarmerie qui s’est déroulée le 3 décembre, rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine. 75 gendarmes ont été déployés.

Une baguette en bois pour punir les enfants

L’une des personnes interpellées, une mère de famille, a été mise en examen, pour “violences aggravées sur enfants”. Elle aurait utilisé une baguette en bois pour des “corrections éducatives”, une pratique prônée par Tabitha’s. Elle a été laissée en liberté sous contrôle judiciaire, indique le parquet de Pau, cité par Le Parisien.

Selon la procureure de Pau, Cécile Gensac, citée par la presse régionale, cette intervention a été déployée dans le cadre d’une commission rogatoire et aurait permis au juge d’instruction de “procéder à diverses vérifications, notamment pour de nouveaux faits de violences”.

Une secte sous surveillance

Créée aux États-Unis dans les années 70, implantée depuis les années 80 en France, et notamment dans cette municipalité située près de Pau, la communauté sectaire Tabitha’s Place compte environ 120 membres sur le territoire français.

Cette secte, qui se dit partisane de l’Église chrétienne, est surveillée depuis des années par la justice. Surtout depuis la mort en 1997 d’un bébé de 19 mois. Le nourrisson avait été victime de dénutrition et de manque de soins. Ses parents avaient alors écopé de 12 ans de réclusion criminelle

En 2002, 19 adeptes de “Tabitha’s Place” qui avaient refusé de scolariser et de vacciner leurs enfants ont été condamnés pour “soustraction aux obligations légales des parents”, rappelle Franceinfo. Plus tard en 2014, une première information judiciaire avait été ouverte

Des enfants exploités et privés de jeu

Puis, en 2015 une impressionnante opération coup de poing avait mobilisé presque 200 gendarmes dans les locaux de la secte. Des mineurs de la communauté avaient été auditionnés et examinés par des médecins. Quatre d’entre eux, des frères et soeurs âgés entre 18 mois et 13 ans, qui présentaient des “traces récentes de corrections physiques” avaient finalement été placés dans les services sociaux du Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques, rapportait alors France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Un jour le grand chef a fait un grand feu et a demandé à tous ceux qui possédaient des jouets de les jeter

S’en était suivie la mise en examen d’une dizaine de membres pour des abus de vulnérabilité dans le cadre d’un mouvement à caractère sectaire et de violences sur mineur, ainsi que de suspicion de travail dissimulé, précise Franceinfo. Début 2019, une seconde information judiciaire a été ouverte par la procureure de Pau.

Un ancien adepte qui s’était confié anonymement à France 3 Pau Sud Aquitaine sur son quotidien au sein de la secte rapportait une enfance difficile et faite de châtiments corporels. Je me souviens quand j’étais très jeune, on avait plein de jeux. On jouait au basket, au foot… Et un jour le grand chef a fait un grand feu et a demandé à tous ceux qui possédaient des jouets de les jeter eux-mêmes dans le feu”, se souvenait-il.

Au lieu de jouer, les enfants devaient travailler comme les adultes. Ils étaient chargés des divers travaux manuels comme la production de légumes. Un conditionnement par la foi en dieu qui, s’il n’était pas respecté, entrainait des punitions.

Sur France 3, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, expliquait que “les punitions physiques sont réglementées et graduées”, comprenant des coups de baguette en osier ou de règle. “Il n’y a pas d’échappatoire”, assurait le rescapé de la communauté auprès du journal régional.
source :

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http://actu.marieclaire.fr/pau-une-femme-de-la-secte-tabitha-s-mise-en-examen-pour-violences-aggravees-sur-enfants,1332135.asp#xtor=EPR-195