Depuis les années 1960, pas moins de 25 évêques auraient passé sous silence les agressions sexuelles commises par leurs prêtres, préférant les exfiltrer de leur diocèse.Depuis les années 1960, pas moins de 25 évêques auraient passé sous silence les agressions sexuelles commises par leurs prêtres, préférant les exfiltrer de leur diocèse. afp.com/FRANCOIS GUILLOT

L’ampleur du scandale révélé par Mediapart ce lundi est sans précédent. En France, 25 évêques auraient caché les agressions sexuelles commises par 32 prêtres. Cinq de ces évêques, dont le cardinal Barbarin, exercent toujours.

L’Eglise catholique française se retrouve une nouvelle fois aux coeur de révélations concernant des actes de pédophilie. Cette fois, l’enquête au long-court publiée ce lundi par le site Mediapart et débutée il y a de cela un an, vise davantage les prêtres qui sont restés silencieux, que les auteurs de ces agressions sexuelles.

Pour mener ces investigations, les journalistes de Mediapart ont travaillé en collaboration avec l’émission de France 2 Cash investigation, qui diffuse mardi soir un documentaire sur les prêtres pédophiles toujours en poste ou exfiltrés.

Ils ont récolté de nombreuses plaintes, dont certaines ont été classées sans suite, faute de preuves ou en raison de la prescription des faits. L’intégralité de leur enquête sera publiée mercredi dans un livre, Eglise, la mécanique du silence, (éd. JC Lattès).

28 des 32 prêtres exfiltrés en France ou à l’étranger
Les chiffres publiés attestent de la gravité du scandale: depuis les années 1960, 25 évêques, dont cinq sont toujours en exercice, auraient couvert les atrocités que 32 prêtres ont commises sur 339 victimes dans 17 diocèses de l’Hexagone, mais aussi au Canada, en Suisse et en Guinée-Conakry. Parmi les victimes recensées, 288 étaient âgées de moins de 15 ans au moment des faits et 165 seulement ont été entendues par la justice. Les agressions commises par la moitié des prêtres auraient eu lieu après les années 2000.

Ce que dénonce surtout le site, c’est l’attitude des supérieurs de ces prêtres pédophiles ou agresseurs. Mediapart affirme que 28 des 32 prêtres accusés d’agressions sexuelles ont été exfiltrés par leurs supérieurs, soit dans un autre diocèse, à l’étranger, notamment en Afrique ou alors déplacés en France, lorsque les faits ont été commis dans un autre pays. Aujourd’hui, la majorité d’entre eux a été inquiétée par la justice, ou en tout cas visés par des plaintes, parfois closes en raison de la prescription des faits, mais l’intervention de l’Eglise est très rare dans ces procédures.

Cinq prêtres soupçonnés dans le diocèse de Lyon
Parmi les cinq clercs avisés de faits de viols ou d’agression sexuelle qui sont toujours en poste, figure le cardinal Barbarin, devenu une figure depuis l’année passée de ces non-dénonciations. Il aurait tu les agissements du père Preygnat, responsable d’agressions sur 72 personnes dans le diocèse de Lyon. Selon Mediapart, l’évêque aurait été avisé de quatre autres cas de prêtres agresseurs, sans en aviser la justice (un a été condamné, deux ont été mis en examen et un autre a fait l’objet d’une enquête de l’Eglise).

Un évêque de Besançon est également accusé d’avoir été prévenu des agissements de l’un de ses prêtres, sans donner de preuves formelles à la justice. Même chose à Bayonne, où les faits signalés par une famille au religieux n’ont été traduits en justice que sept ans plus tard, sans son intervention. Au Mans, en 2010, l’évêque aurait reçu un courrier dénonçant une agression sexuelle, sans réagir. En 2015, la justice a été saisie d’une dizaine de cas. Enfin, le supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X aurait été alerté de faits d’agressions sexuelles commises par l’un de ses prêtres, sans une fois encore en alerter la justice. Les 20 autres évêques visés par l’article pour des cas de non-dénonciation ne sont plus en poste à ce jour, ou sont décédés.

source : Par LEXPRESS.fr , publié le 20/03/2017 à 18:11 , mis à jour le 21/03/2017 à 21:39