Erich Priebke, 83 ans, devant une cour miiltaire de Rome.
La cérémonie privée s’est déroulée à 17 h 30. Elle a suscité de nombreuses protestations de la part des habitants d’Albano, en premier lieu de son maire Nicolas Marini : il a émis une ordonnance pour interdire le passage sur le territoire de sa commune de la dépouille du criminel nazi que le préfet de Rome a annulé !

Le transport de sa dépouille de la morgue (où il reposait depuis vendredi) à Albano ne s’est pas fait sans incidents. La police antiémeute a été dépêchée sur place pour permettre au convoi funéraire d’accéder à la chapelle de la Fraternité Saint-Pie-X. On ne sait toujours pas où l’ancien capitaine SS sera inhumé.

LA PISTE SICILIENNE
Marc-Antoine Pettinato, maire de la commune sicilienne de Fondachelli Fantina (province de Messine), a proposé d’inhumer Erich Priebke dans le cimetière de sa ville. « C’est un geste d’humanité chrétienne, une idée née en lisant les journaux. Priebke est mort. Il mérite d’être enterré, malgré tout ces crimes. Je suis surpris par l’attitude de l’Église dans cette affaire », a-t-il expliqué dans un communiqué de presse.

RESPONSABLE DU MASSACRE DES FOSSES ARDÉATINES
Erich Priebke est l’un des responsables du massacre des Fosses Ardéatines, le 24 mars 1944 à Rome. En représailles à un attentat qui tua 33 soldats allemands (l’attaque à la bombe via Rasella), les hommes du commandant SS Karl Hass et du capitaine SS Erich Priebke raflent 335 hommes (dont 75 juifs), les conduisent aux Fosses Ardéatines dans le quartier d’Ardeatino, en périphérie de Rome. Et ils les exécutent, d’une balle dans la tête. En Italie, le souvenir de ce massacre est toujours très vif et très traumatisant.

IL VIVAIT À ROME
Réfugié en Argentine après la guerre, Erich Priebke a été extradé en Italie pour être jugé en 1995. Il vivait depuis près de 15 ans à Rome, assigné au domicile de l’un de ses avocats, l’argentin Jorge Oliveira, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour sa participation au massacre des Fosses Ardéatines.

L’ÉGLISE LUI REFUSE DES FUNÉRAILLES PUBLIQUES
Initialement prévu mardi 15 octobre dans une église de la capitale italienne, l’évêché de Rome a interdit des funérailles publiques : « L’autorité ecclésiastique (…) a jugé que la prière pour le défunt (…) doit être faite dans un cadre strictement privé », à savoir, « la maison qui abritait les restes du défunt. » L’Église « n’a pas nié la prière pour les défunts », elle a décidé que son « mode » devait être « différent de l’habituel, réservé et discret », rapporte la Repubblica.

L’avocat italien d’Erich Priebke, Paolo Giachini, a annoncé que cette cérémonie devrait se faire au domicile du défunt.

PERSONNE NE VEUT DE SA DÉPOUILLE
Dans un premier temps, Paolo Giachini avait annoncé qu’Erich Priebke serait enterré près de son épouse à San Carlos de Bariloche (Argentine) où il s’était réfugié après la guerre et avait vécu ensuite pendant plus de 40 ans. Mais le gouvernement argentin a refusé de recevoir sur son territoire le corps du criminel nazi. L’avocat italien a également mentionné la possibilité d’inhumer son client au cimetière militaire allemand de Pomezia, près de Rome. Une solution impossible puisque Erich Priebke n’était pas « mort au combat ».

Le maire de Rome, Ignazio Marino, a refusé l’idée d’un enterrement de Priebke dans la capitale italienne aux motifs d’ordre public, même si la loi prévoit normalement que les personnes décédées dans la municipalité puissent y être enterrées.

Une autre piste avait été avancée : celle de l’Allemagne. En tant que citoyen allemand, « il peut naturellement être inhumé en Allemagne », a expliqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand. « Mais le gouvernement n’a ni motif ni raison de se prononcer sur le lieu où M. Priebke sera ou devrait être enterré. Il n’y a (…) aucune sollicitation officielle de la part des autorités italiennes. C’est une décision que les proches de M. Priebke doivent prendre », a-t-il ajouté.

L’INCINÉRATION
Devant ce blocage, le président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici, avait proposé au début de la semaine : « S’il n’y a pas d’autre solution, alors il faudrait procéder à l’incinération et disperser ses cendres comme le furent celles de nos grands-parents ».

Une solution proposée également par le directeur du Centre Simon Wiesenthal, Efraim Zuroff : « la solution la plus efficace pour qu’il ne reste aucune trace d’un criminel nazi comme Priebke. Le cadavre de Hitler a été brûlé, et cela s’est révélé la solution la meilleure, parce que cela permettait la destruction de tout ce que le nazisme avait représenté », a-t-il déclaré au quotidien italien La Stampa.

source : GERARD JULIEN / AFP

relayé par : LAURENT LARCHER 15/10/13
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/La-Fraternite-Saint-Pie-X-celebre-les-funerailles-du-nazi-Erich-Priebke-2013-10-15-1042955