Un ancien policier municipal de 73 ans, sa femme et leurs deux enfants viennent d’être mis en examen à la Réunion pour abus de faiblesse et blanchiment.

Cette famille de la ville du Tampon (sud de l’île) est soupçonnée de s’être enrichie au détriment des centaines d’adeptes qui fréquentaient le groupe de prière qu’ils avaient fondé en 1993 sous le nom de Marie Porte du Ciel. L’assemblée réunissait chaque dimanche jusqu’à 800 fidèles, qui venaient prier dans une salle à côté de la propriété familiale cossue. Et, alors que l’évêque de la Réunion, Mgr Gilbert Aubry, avait mis en garde à plusieurs reprises contre « l’emprise sectaire » de ce groupe se réclamant du catholicisme, une dizaine de plaintes ont été déposées en 2013.

L’enquête menée par les policiers de la sûreté avec le groupe d’intervention régional a permis d’établir que, depuis 2010, la famille s’était bâtie de solides revenus sur le dos de ses ouailles, grâce à l’emprise exercée par le patriarche.

Celui-ci promettait « la colère divine » à ceux qui ne soutiendraient pas les activités du groupe. Une large part de ce business consistait en la vente d’images pieuses à 150 € ou de statuettes jusqu’à 2 500 € pièce, l’organisation surfacturée de pèlerinages à Medjugorje, (Bosnie-Herzégovine), où serait apparue la Vierge Marie, ou le financement de prières pour la guérison d’un malade. La police a constaté « 350 000 € en mouvements financiers, dont 111 000 € de dépôts d’espèces depuis 2013 » sur les comptes du père, note le parquet de Saint-Pierre, qui évalue les gains à plus de 3 M€.

Berlines et grands voyages

Le patriarche, Augustin Valencourt, chez qui ont été découverts 60 000 € en liquide et qui nie avoir « exercé des pressions », était ainsi propriétaire de trois BMW et de deux motos de grosse cylindrée d’une valeur de 280 000 € saisies par les enquêteurs. Toute la famille aurait profité de cet argent pour faire des voyages au Mexique, en Inde, au Japon, payés cash.

Le gourou présumé a été placé en détention provisoire, ainsi que sa femme de 74 ans, retraitée de l’enseignement. Son rôle était celui « de lien entre Dieu et son époux », comme elle l’a déclaré aux enquêteurs. Elle animait les séances de prière. Leurs deux enfants, libérés sous contrôle judiciaire, sont aussi impliqués. La fille semblait destinée à prendre la suite de sa mère et jouait déjà un rôle dans la sujétion psychologique des adeptes. Quant au fils, 47 ans, il bénéficiait des largesses paternelles et aurait participé au blanchiment des fonds. Une complicité d’autant plus embarrassante que cet homme, ordonné prêtre en 2005, est curé d’une paroisse de Saint-Denis. Dans sa cure, les policiers ont découvert 40 000 € en liquide et du matériel informatique dernier cri. Actuellement, aucune décision n’a été prise à son encontre par l’évêché qui l’a toujours qualifié d’« exemplaire », malgré des recommandations pour qu’il prenne ses distances avec le groupe de ses parents.

source :http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/petite-secte-en-famille-14-12-2015-5368809.php

par Sébastien Gignoux | 14 Déc. 2015, 00h00 | MAJ : 14 Déc. 2015, 05h17

Saint-Denis (île de la Réunion) De notre correspondant