Seize membres d’une petite communauté amish de l’Ohio sont jugés pour une série d’agressions perpétrées contre des habitants de leur propre village. Les délibérations des jurés doivent commencer ce mercredi.

L’histoire a commencé il y a plus d’un an dans l’Ohio. Pendant trois semaines, le village amish a vécu dans la peur. Toutes les nuits, des hommes, des femmes et même des enfants, sont entrés dans les maisons afin de tondre les barbes et les cheveux des occupants, avant de les photographier, a rapporté mardi Fox 8 Cleveland. Afin d’affaiblir leurs victimes avant de les tondre, certains des agresseurs mélangeaient même du thé et des laxatifs.

Un véritable drame pour les victimes puisque, selon leur tradition, elles ont l’interdiction de se raser et de se couper les cheveux une fois mariées. «J’étais effrayé que cela ne repousse plus, a raconté Bishop Hershberger, âgé de 79 ans, devant le tribunal. Je ne voulais pas que les gens me voient, j’avais trop honte pour sortir.» L’angoisse s’est alors installée au sein de la communauté. Pendant plusieurs jours, les habitants sont restés enfermés chez eux, fusil à la main. Lors d’une audience préliminaire, le procureur a révélé que la première attaque avait eu lieu dans la nuit du 6 septembre 2011. Elle visait un couple qui avait osé remettre en question l’autorité de Sam Mullet, chef de la communauté fondée en 1995.

Un leader tyrannique
Selon le «New York Times», l’homme de 66 ans menait son village comme une secte et intimidait tous ceux qui sortaient légèrement du rang. Mardi, devant la cour, le «gourou» a été décrit comme «un homme en colère» qui possédait tous les droits dans le village. Pressions psychologiques, menaces d’excommunication, droit de cuissage sur les femmes mariées afin de les «purifier du démon en elles»… Le procureur a fait savoir qu’il régnait de façon tyrannique sur ses 120 fidèles, tous des descendants de sa propre famille, rapporte Fox 8 Cleveland. Le «New York Times» indique que dans des documents remis au tribunal, d’anciens fidèles de la communauté ont raconté comment 18 familles avaient notamment été confinées dans des poulaillers pendant des jours et même des semaines afin de «nettoyer leurs pensées impures».

Mais chez les Amish, les problèmes se règlent en privé, en dehors des lois fédérales. Pas question, donc, pour les victimes de porter plainte. Ce n’est qu’après plusieurs jours à vivre dans la crainte que certains ont décidé de prendre leur courage à deux mains et de défier le «maître» en se rendant au bureau du shérif. Parmi ces familles prêtes à en découdre, Ariane et Myron Miller, pour qui l’enjeu est désormais de libérer le village de l’emprise de Sam Mullet. «De nombreuses vies sont gâchées ici. Il y a beaucoup de gens qui sont abusés et qui subissent un lavage de cerveau», a déclaré Ariane Miller à CNN en novembre 2011.

A l’ouverture de son procès, Sam Mullet s’est étonné de se retrouver face à la justice pour de tels faits. «Vous disposez de lois pour réglementer la voie publique. Si quelqu’un vous désobéit, vous le punissez. Mais moi, je n’ai pas le droit de punir les membres de mon Eglise?», a-t-il lancé en juillet aux journalistes. Mais sentant peut-être le vent tourner, le leader de la communauté a d’ores et déjà annoncé qu’il accepterait d’ installer l’électricité chez lui si cela lui permettait de porter un bracelet électronique.

source : Clémentine Rebillat – Parismatch.com

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