Après les déclarations et le démenti d’Emmanuelle Mignon, que faut-il croire?
Nous sommes dans la confusion. Michèle Alliot-Marie avait déjà semé le trouble au début du mois. Elle m’a ensuite écrit pour démentir ses propos. Les choses sont encore moins claires du côté de l’Elysée. Doit-on comprendre qu’Emmanuelle Mignon s’exprime au nom du Président? Pendant sa campagne, Nicolas Sarkozy m’avait pourtant assuré de son soutien. Pour obtenir des clarifications, j’ai demandé un rendez-vous à Emmanuelle Mignon avec qui je suis prête à engager une discussion. J’attends aussi que le Premier ministre s’exprime et qu’il tienne un discours clair.

Le glissement sémantique dans le discours du chef de l’Etat ajoute à cette confusion. Il a récemment employé trois termes qui sont l’apanage des mouvements sectaires: les “nouveaux mouvements religieux”, les “minorités religieuses” et “les minorités de conviction”.

La directrice de cabinet du président juge la Miviludes inutile, affirmation, elle, non démentie…
Pour nous la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) est essentielle. L’action des associations a ses milites. Nous avons besoin de nous appuyer sur cette structure qui joue un rôle essentiel dans la prévention. Il serait dommage de la réduire à un instrument de répression. D’ailleurs si la répression est si importante, il faudrait déjà commencer par épuiser les dossiers en cours, comme celui des Témoins de Jéhovah qui doivent 44 millions de redressement fiscal à l’Etat.

Faut-il s’attendre à une légalisation de la Scientologie?
Cela fait des années que la Scientologie fait du lobbying et s’infiltre partout, ce que seules font les organisations qui ont un projet politique. Aujourd’hui, le terrain est favorable. On parle d’un “toilettage” de la loi de 1905 avec une remise en question du titre 4, celui-là même qui encadre les associations cultuelles (recettes et dépenses, droit de s’en retirer en tout temps.…). Un élan mystique ne justifie pas que l’on remette en cause la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Pourquoi ce glissement?
Nous assistons à une montée du conservatisme comme aux Etats-Unis avec les Born Again, on multiplie les manifestations et les signes extérieurs religieux. Je remarque par exemple que le terme de “laïcité positive” employé par Nicolas Sarkozy revient initialement au Pape qui l’a prononcé pour la première fois en 2005 dans un discours au sénateurs italiens.

Propos recueillis par Alice Pouyat

mercredi 20 février 2008, mis à jour à 17:37

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