QUIMPER, 13 avr 2012 (AFP) –
L’image d’Epinal du druide d’Astérix le Gaulois est « sympathique mais lourdingue », s’agace Pierre-Marie (Per-Vari en Breton). « C’est la rançon du succès d’une bande dessinée mais il ne faut pas se limiter à ça. La Bretagne n’a pas envie que l’on rie de ses traditions et de son patrimoine ».
« La seule riposte, c’est la connaissance et l’ouverture. Il n’y a pas de secret druidique, notre temple est ouvert », ajoute-t-il. Tous les ans, la Gorsedd Digor, la grande cérémonie druidique de Bretagne qui rassemble druides, bardes et ovates (scientifiques), se déroule en plein air, en public et en breton (traduit en français) la troisième dimanche de juillet.
C’est à celle d’Arzano (Finistère), en 2008, que Per-Vari a été élu, à 56 ans, sous le nom druidique de « Morgan sixième grand druide de Bretagne », après le décès de Gwenc’hlan Le Scouëzec dont il était l’adjoint depuis 1997.
Ce cadre de La Poste, délégué régional Force Ouvrière, au physique de rugbyman, n’est pas tombé dans la marmite du druide quand il était petit. Il a contracté le virus lors de son retour en Bretagne en 1980 en rencontrant un éleveur de chevaux « haut en couleur » investi dans le tourisme agricole et lui-même druide.
« Ni dieux ni idoles »
« Je venais de passer quatre ans à La Poste à Paris où je suis entré en 1976 – pas par vocation – après des études d’allemand. J’ai connu Gwenc’hlan Le Scouëzec, médecin, écrivain et fondateur du Parti communiste breton, à qui je me suis beaucoup attaché », confie Per-Vari.
Le grand druide Gwenc’hlan a donné « une nouvelle dimension » à la Gorsedd bretonne – société de pensée créée à Guingamp en 1900 et reconnue par l’archidruide de Galles – en reconnaissant la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 et en « dégageant quelques éléments extrémistes de la fraternité des druides ».
Et Per-Vari, né à Douarnenez en 1952 dans une famille brittophone, de monter dans la hiérarchie: de barde (musicien et écrivain) avec la saie (robe sans ceinture) bleue, il devient « porteur du glaive » et rejoint la garde rapprochée du grand druide avant d’être nommé grand druide adjoint.
« La Gorsedd de Bretagne n’est pas une secte, ni une religion. C’est un cercle philosophique proche de la franc-maçonnerie. Nous n’adorons ni dieux ni idoles mais nous respectons les croyances des uns et des autres », insiste-t-il.
A l’été 2010, le grand druide de Bretagne a tapé du poing sur la table lors de l’expulsion des Roms de France. « Nous ne prenons pas souvent position, mais là, la stigmatisation d’un groupe humain nous a choqués », s’indigne-t-il.
Régulièrement, des couples sollicitent la Gorsedd pour célébrer une « union sacrée et spirituelle sans passer par le canal religieux ». Les cérémonies, une dizaine par an (en breton et en plein air) sont « liées aux forces naturelles ».
« J’ai marié des Bretons, des personnes de confessions ou de nationalités différentes, des hétérosexuels et des homosexuels. Ca ne nous pose pas de problème », déclare le grand druide car selon le druidisme « l’amour est la seule loi des époux. Quand il n’y a plus d’amour, il n’y a plus de mariage ».
Source : AFP (583) Par Arnaud BLAIN