La voyante de Medjugorje Marija Pavlović Lunetti se rend presque chaque année, en général la première semaine de juillet, en Amérique, dans une communauté des États-unis dénommée Caritas (aucun rapport, naturellement, avec le Secours Catholique), propriété d’un ex jardinier, Terry Colafrancesco. Cette communauté a son siège à Birmingham, dans l’Alabama et est entièrement consacrée justement au culte de Medjugorje.

Comme on le verra, cette communauté a acquis une grande notoriété en accueillant, année après année, de très nombreuses apparitions quotidiennes (176 de 1988 à 2013) de la voyante de Medjugorje, attirant ainsi des milliers de pèlerins de tous les États-Unis.

{{Le 1er juillet 2013, le Birmingham News écrit (dans l’article Mountaintop cross built in Shelby County as woman who claims Virgin Mary visions arrives, par Greg Garrison):}}

Caritas déclare des revenus annuels entre les 3 et 4 millions de dollars, provenant principalement de donations.

Chaque fois qu’elle séjourne là, Marija assure voir la Vierge debout sur le lit des époux Colafrancesco.
Cependant, dans les “grandes occasions”, en particulier lors du Independence Day (4 juillet), fête nationale des États-Unis, la Gospa (la Vierge de Medjugorje) donne rendez-vous à Marija près d’un pin, dans un immense champ de 54 hectares, propriété de Colafrancesco.

Sur le site officiel de la communauté, on peut lire ce communiqué daté du 2 juillet 2013 (July 2 Update: Our Lady’s Apparition For July 3, ‘Same Time, Same Place…’) :

En 2008, lors des apparitions qui eurent lieu du 1er au 5 juillet, la Vierge étonna tout le monde en choisissant d’apparaître dans le Champ pour l’apparition du 3 juillet, veille de l’Independance Day. En 2009 et en 2013, la Vierge est apparue de nouveau dans le Champ le 3 juillet, la veille de l’Independance Day.
Le choix que la Vierge a fait ce soir suit le schéma des dernières années et est un signe merveilleux du fait qu’ici, Elle guide et dirige vraiment les évènements.

Lors de ces “grandes occasions”, la Vierge de Medjugorje honore aussi la communauté appartenant à Colafrancesco d’insolites apparitions supplémentaires. Sur le même site officiel, on peut lire, le 3 juillet 2013 (July 3 Update: Our Lady to Appear Second Time Tonight 10:30 PM!) :

Durant l’apparition de ce soir, qui a eu lieu dans la Chambre à coucher des Apparitions, la Vierge a dit à Marija qu’elle apparaîtrait encore, dans le Champ, à 22h30 pour une seconde apparition dans la même journée. Tout le monde a été ému en apprenant cette grâce incroyable. Il s’agit d’une grâce spéciale et d’une opportunité non seulement pour ceux qui sont présents au siège de Caritas mais aussi pour vous qui suivez les évènements chez vous : réunissez vos familles, vos amis, les membres de vos groupes de prière, vos voisins, tout le monde, pour prier en union avec ceux qui se trouvent dans le Champ de Caritas, en Alabama, pour la fête de la veille de la Naissance des États-Unis.
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À l’occasion du séjour de mars 2011, dans le site officiel de la communauté, on lit (Marija Arrives – Our Lady of Medjugorje Waits to Have Apparition):
Marija arrive – La Vierge reporte l’apparition

La voyante de Medjugorje, Marija Lunetti, est arrivée à la Caritas aujourd’hui, 18 mars, en soirée. Normalement, lorsque Marija est en voyage, la Vierge lui apparaît à la même heure que celle de ses apparitions à Medjugorje, vers 18h40. Toutefois, aujourd’hui, la communauté de la Caritas a reçu une belle grâce, puisque la Vierge a attendu, pour apparaître à Marija, que celle-ci arrive, environ sept heures après l’heure habituelle de l’apparition. […]
La chambre à coucher et le Champ des Apparitions, à l’intérieur de la Caritas, ont reçu la grâce de 156 apparitions de la Vierge Marie au cours des 21 dernières années.

Ici, un reportage avec une photo de Marija, lors de l’apparition du 23 Mars 2011, agenouillée au pied du lit des époux Colafrancesco.

Sur cette page on peut voir un compte-rendu du séjour de Marija en juillet 2009, comportant des photos qui montre la voyante elle-même et la “Chambre à coucher des apparitions”.

{{Le 26 mars 2001, le Birmingham Post-Herald publie un article (“Faith or Folly?”) signé de Sara Foss, dans lequel on lit :}}

Accusations de lavage de cerveau et de recyclage d’argent frappent un groupe religieux de la région alors que des membres mécontents abandonnent la Caritas née en 1987 dans le comté de Shelby pour promouvoir l’expérience de Medjugorje, le village d’Europe orientale où six enfants affirment voir la Vierge Marie.
La Caritas s’est aujourd’hui agrandie jusqu’à devenir une entreprise multimillionnaire, avec des familles qui y vivent toute l’année, une agence de voyage qui propose des pèlerinages à Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, une branche éditoriale et même une ferme. […]

Les ex membres ne sont pas les seuls à exprimer leur préoccupation au sujet de la Caritas. Les franciscains qui vivent à Medjugorje et assistent les pèlerins se sont eux aussi montrés préoccupés par la Caritas.

Dans un communiqué diffusé en août, le père Svetozar Kraljevic a écrit : Depuis Medjugorje, au nom des prêtres qui travaillent dans la paroisse avec les pèlerins provenant du monde entier, j’exprime ma profonde préoccupation pour l’organisation appelée Caritas de Birmingham, Alabama. […] Nous craignons qu’il y ait des signes de manque de respect pour les relations familiales et conjugales, manque de respect pour les autorités ecclésiastiques, pour les familles de provenance des membres, pour les biens des membres qui y sont et pour ceux de ceux qui y étaient et ont abandonné la communauté.

{{L’Associated Press, le 28 mars 2001 a diffusé un communiqué dans lequel, entre autres, il était écrit :
}}
Des ex membres [de la communauté], y compris celui qui avait été le lieutenant de Colafrancesco, Pat Flynn, l’accusent de tirer profit des donations et de soumettre à un travail épuisant les adultes et enfants qui vivent là.

{{Le 13 décembre 2001, le quotidien Montgomery Advertiser, lui aussi, dans un article (“Religious group faces lawsuit labeling it a cult”) signé Jay Reeves, parle du procès intenté contre Colafrancesco par les ex membres de la communauté :}}

L’accusation affirme que la Caritas possède des propriétés pour 5 millions 900 mille dollars, obtenus à travers donations légitimes, pressions psychologiques et affaires malhonnêtes. Ce n’est que malveillance, a dit Colafrancesco mardi, refusant de répondre aux accusations spécifiques.[…]
L’audience s’est tenue vendredi, quelques jours avant l’arrivée à la Caritas de Marija Pavlović, qui affirme voir la Mère du Christ depuis deux décennies.

{{Le 28 décembre 2004, le Birmingham News reporte dans un article (“Mediation ordered in Caritas lawsuit”) de Nancy Wilstach :}}

Des ex membres et parents de membres accusent la Caritas de fraude, faux, endoctrinement, imposition intentionnelle de stress émotif, séquestre de personne. Ils affirment que Colafrancesco attire à la Caritas des fidèles catholiques et leur soutire ensuite tout leur argent. […]
La communauté a été créé après une femme de Bosnie-Herzégovine, Marija Pavlovic Lunetti, est allé à Sterrett en 1988 et a raconté avoir été visitée par la Vierge Marie dans le pâturage de Colafrancesco, comme, d’après elle, lui arrive depuis deux décennies à son domicile dans l’Est Europe. La femme est revenue périodiquement au cours des 17 dernières années et a déclaré avoir eu d’autres visions. Sa dernière visite, en mai, a attiré des milliers de personnes de partout au pays. Colafrancesco est devenu le chef spirituel de la communauté Caritas et des donations ont commencé à affluer du monde entier.

{{Le 8 mars 2005, le Birmingham Post-Herald publie un article (“Mediation may end dispute at Caritas”) de Daniel Jackson, qui informe sur le déroulement du procès :}}

Les parties en cause commenceront une médiation le 30 mars. […] Les procédures de médiations sont fermées au public. […]
30 personnes environ, parmi lesquels Flynn, après y avoir résidé longtemps, ont abandonné la Caritas en 1999 et 2000, se plaignant d’un travail exténuant, une instruction inadaptée pour les enfants, d’un recyclage d’argent, d’usage impropre des donations et d’un lavage de cerveau de la part de Colafrancesco.

Suzette Malveaux, professeur de la faculté de droit de l’université de l’Alabama, a dit qu’en de nombreux cas on parvient à un accord amiable, sans que les accusations ne soient portées à la connaissance du public. […] Si Colafrancesco trouve un accord amiable avec la contrepartie, le public ne pourra jamais savoir les détails des accusations qui sont portées contre lui.

Le 7 avril 2005, un communiqué de l’Associated Press annonce :
Un accord amiable a été trouvé dans le procès intenté contre le groupe religieux Caritas par des ex membres qui affirmaient avoir subi un lavage de cerveau et avoir été dépouillés de leurs biens. L’accord obtenu par la médiation de l’avocat de Birmingham Arthur Hanes Jr., s’applique également à des procès similaires regardant la Caritas, intentés auprès des cours fédérales et d’état en Californie et en Floride.
Terry Colafrancesco, du comté de Shelby, près de Birmingham, a fondé la Caritas après la visite, en 1988, d’une femme d’Europe de l’Est qui dit voir la Vierge dans le pâturage de Colafrancesco. […] Marija Pavlović Lunetti est revenue périodiquement ces 17 dernières années et a raconté avoir eu d’autres visions. […] Sa dernière visite, en mai, a attiré des milliers de personnes de tout le pays et des donations sont parvenues à la Caritas du monde entier. Mme Lunetti doit revenir en août.[…]

L’avocat de la Caritas, Daniel Burnick, a dit […] jeudi que ” le litige a été résolu à la satisfaction des deux parties”. Les termes et les conditions de l’accord ne doivent pas être publiés, comme convenu entre les parties “.

source : Medjugorje sans masque par Marco Corvaglia

{{Pour qui la Vierge de Medjugorje fait-elle de la publicité ? [Partie 2]}}

Le fondateur et propriétaire de la communauté, Terry Colafrancesco, sous son pseudonyme habituel A Friend of Medjugorje (“Un ami de Medjugorje”), a publié, au milieu des années 90, le livre How To Change Your Husband (“Comment changer ton mari”) [Caritas, Sterrett (AL), 1996] édité par la communauté elle-même et à présent disponible également sur son site officiel.

La lecture du livre laisse pantois par l’absurde machisme dont il est imprégné : on arrive à affirmer que le démon, afin de dissimuler aux gens la nature potentiellement destructive de la femme, a fait en sorte que soit abandonné l’usage, justifié, de donner des noms féminins aux ouragans qui frappent chaque année les côtes de l’océan Atlantique.
En réalité, il ne s’agit pas simplement d’un machisme aberrant, mais bien d’adhésion à des idéologies religieuses bien connues.

Parmi les enseignements cités le plus souvent dans le livre figurent ceux de l’écrivain Elizabeth Rice Handford, femme du pasteur baptiste Walt Handford et auteur du livre Me ? Obey him ? The obedient wife and God’s way of happiness and blessing in the home (“Moi ? Lui obéir ? L’épouse obéissante et le chemin de Dieu vers le bonheur et la bénédiction du foyer”).
On n’est pas surpris, par conséquent, que les doctrines exposées dans le livre édité par la communauté Caritas (basées sur une interprétation extrémiste de la Bible) soient propres au fondamentalisme protestant. Il s’agit d’ailleurs de doctrines centrales dans cette communauté.

Le passage suivant explique le motif pour lequel la majeure partie des apparitions de Marija, lorsque la voyante est hôte de la communauté, adviennent dans la chambre à coucher des propriétaires (pour être plus précis, la Gospa apparaîtrait, debout, sur le lit des époux Colafrancesco, sur lequel sont posés, pour l’occasion, de nombreux objets pieux) :

Les racines de la famille doivent naître de là : l’endroit le plus sacré de la maison, c’est le lit du mari et de la femme. […]
Lorsque Marija vint pour la première fois en Amérique, en 1988, […] à Medjugorje les voyants s’étaient agenouillés des centaines de fois devant un crucifix, pour accueillir la Vierge. […] Lorsque la pièce des apparitions fut déplacée, le père Slavko offrit ce crucifix à l’ami chez lequel Marija serait allée séjourner en Amérique [Colafrancesco parle de lui à la troisième personne, N.D.T.]. […] En arrivant, la première fois, […] Marija entra dans la chambre à coucher, vit le lit et le crucifix au-dessus et, avec un clair discernement, dit avec décision que les apparitions auraient lieu là. […] La première apparition eut lieu sur le lit. C’était clairement ce que la Vierge voulait. De ce lit, de cette souche, a germé une entière mission, une entière communauté.
[A Friend of Medjugorje (Terry Colafrancesco), How To Change Your Husband, Caritas, Starrett (AL), 1996, pp. 115 et 117-119]

{{Voyons donc quels sont les principes qui inspirent cette communauté, en citant divers passages du livre :
}}

En vérité, le thème de la soumission [de l’épouse] est largement ignoré par de nombreux prêtres, conseillers, directeurs spirituels et autres, depuis longtemps.[…]
Quand il y a une discussion et on dit Que les épouses soient soumises à leurs époux, on répond : Oui, mais vous, maris, aimez vos femmes. Et, ce faisant, on finit par discuter seulement de ce sujet (l’amour pour la femme), qui prédomine dans les discussions, les homélies, les textes, etc. […] On accorde clairement une attention excessive à cet aspect : c’est pourquoi, dans le texte qui suit, on donnera la majeure importance à ce qui est rarement mentionné. C’est l’enseignement spirituel le plus important que la Caritas de Birmingham ait jamais publié, parce que, s’il est appliqué, il fonctionnera, étant donné qu’il est solidement basé sur les Écritures et qu’il est confirmé par les messages de la Vierge et la vie des saints [caractères gras et soulignés dans l’original].
[Ibid., pp. 18-19]

La fermeture mentale a faussement porté beaucoup, parmi lesquels des femmes chrétiennes, à croire que la soumission à l’autorité de l’homme dégrade les femmes, les transforme en citoyennes de seconde classe, alors qu’il s’agit en réalité d’un mensonge.

Le mari est sous la direction de Dieu le Père pour ce qui concerne les décisions sur ce qui est le mieux pour sa femme et pour sa famille. Sa femme est sous sa direction. [Ibid., p. 149]

Le droit du père au commandement, s’il est empêché, amènera sûrement l’effritement de l’ordre qui règne dans la famille. Il dirige sa femme et ses enfants. Cela ne signifie pas qu’une femme ne puisse avoir un directeur spirituel, mais si sa direction (celle du directeur spirituel) contredit le mari en quelque chose, elle doit laisser ce directeur spirituel. [Ibid., p. 160]

Le droit du père à commander ne peut être entamé. Le droit du père est si absolu que le Pape lui-même n’a pas le droit de le lui usurper (sauf en cas de péché) et le Christ lui-même ne le contredira pas. […] Une femme pourrait penser : Mais j’ai raison à propos de telle chose ! Il est fondamental de souligner qu’obéir est plus important qu’avoir raison [caractères gras dans l’original]. [Ibid., p. 167]

D’accord, obéir est plus important qu’avoir raison, mais que faut-il faire si un mari veut utiliser les économies de toute une vie, alors que le bon sens suggère à la femme que ce serait une erreur et si elle sait avoir raison ? Elle doit être obéissante, même si, à cause de la décision du mari, ils doivent perdre la maison, les voitures, tout. L’ordre dans la famille sera encore intact. Et ceci est un fruit de loin meilleur que la rébellion au mari, qui porterait la rébellion à l’intérieur de la famille. Et, dans la guerre qui s’ensuivrait, la famille serait détruite. Que valent la maison, les voitures, etc.? [Ibid., p. 171]

Au-delà de l’évidente absurdité de ces propos, sur laquelle il est inutile d’insister, ce type d'”enseignement” est particulièrement dangereux dans un pays tel que les États-unis où, comme chacun sait, il existe de très nombreuses communautés parareligieuses qui visent à persuader leurs adeptes de leur donner tous leurs biens.

{{Dans la seconde partie du livre, intitulée “Démasquer les plans de Satan”, est rapporté un extrait d’une interview du pasteur baptiste H. B. London, qui affirme :
}}
Nous sommes en train de devenir, de nombreux points de vue, une société dirigée par les femmes, où l’influence sur les enfants sera quasi complètement une influence féminine.
[Ibid., p. 252]

{{Colafrancesco commente ainsi :}}

Ce processus de féminisation existe et constitue un clair éloignement des Écritures.
[Ibid., p. 253]

{{Puis il conclut de cette façon :}}

On a cessé de donner aux ouragans seulement des noms féminins, comme on le faisait depuis des décennies. Le motif invoqué fut la “correction”, afin de mettre sur le même plan tout ce qui concerne l’homme et la femme, même si Dieu n’a pas fait ainsi, ni du point de vue physique ni psychologique.
Et pourtant, dans ce cas, la vérité est simple. Des phrases telles que le dicton “Dans l’enfer, il n’y a pas une furie pareille à celle d’une femme qui se sent rejetée” (un ouragan), même si elles disent la vérité, sont étiquetées comme “choses qui ne se disent pas”.
Satan veut nous dissimuler ces avertissements et se joue de nous de bien des façons. Il utilise notre penchant pour la correction, notre langage, nos façons de dire et nous tombons facilement entre ses mains.
Nous ne réfléchissons pas sur le pourquoi de notre décision de changer le genre des noms des ouragans. Pourquoi, auparavant, avaient-ils seulement des noms de femmes ?
Y avait-il un fond de vérité dans la conviction diffuse et partagée qu’une femme rebelle ressemble à un ouragan ?
Si nous, à présent, cessons de le faire, nous distillons l’idée que ceux qui avaient commencé à appeler les ouragans par des noms de femmes se trompaient et qu’il n’y a pas de raison valable de les appeler de cette façon.
À l’origine, les ouragans étaient [souligné dans l’original] appelés ainsi parce qu’il est bien vrai qu’une femme rebelle est comme un ouragan.
[Ibid., p. 278-279]

Telle est la communauté à laquelle les présumées apparitions de Marija offrent tant de notoriété, publicité, et de millions de dollars.

Marco Corvaglia