À Berlin, l’épidémie semble circonscrite. La rougeole continue de progresser mais très lentement, au rythme de sept cas par jour la semaine dernière. À comparer avec les 80 nouveaux cas quotidiens constatés au plus fort de la maladie. Au dernier décompte des autorités sanitaires allemandes, 1 101 personnes ont été contaminées par la rougeole depuis début octobre à Berlin. Le virus a prospéré dans d’autres Länder du sud-est du pays comme la Bavière et la Thuringe. La maladie que l’on croyait éradiquée était revenue par surprise à l’hiver 2013 mais cette fois, l’Allemagne s’est fait vraiment peur, après l’annonce du décès d’un enfant de 18 mois en février. Comme beaucoup de petits Allemands, il n’était pas vacciné. Cet hiver, un patient sur quatre a dû être hospitalisé.

{{Le « problème W »}}

Pour comprendre comment cette maladie a pu revenir en Allemagne, il faut faire un détour par l’ancienne Yougoslavie : un foyer infectieux s’était développé dans les décombres de la guerre du début des années 90. Le chaos y avait interrompu la politique de vaccination. Dans certaines régions d’Allemagne, le virus a progressivement trouvé un terrain fertile. En particulier à Berlin où le taux de vaccination des habitants n’est que de 60 %. Résultat : la moitié des contaminations ont concerné des jeunes adultes, que leurs parents n’avaient, sciemment, pas vaccinés.

{{Entre eux, les virologues allemands parlent du “problème W.” : W pour école Waldorf.}} Dans les milieux “bobos-bio” généralement bien éduqués, l’école alternative a la cote, les médecines parallèles également. La croyance y est largement répandue que les maladies renforcent le système immunitaire et participent au bon développement de l’enfant. Pire, les vaccins sont systématiquement diabolisés à cause de leurs effets secondaires graves (du diabète à l’autisme), alors que les travaux du médecin anglais Wakefield, à l’origine de cette rumeur, ont été scientifiquement démentis.

{{Vaccination obligatoire ?}}

Pour faire face à la menace, le ministère de la Santé prépare une loi de prévention et appelle les crèches et les écoles à se tenir en “première ligne de la prévention”. Les parents seraient également mis à contribution avec l’obligation d’une séance d’information chez le pédiatre s’ils veulent inscrire leur enfant à la crèche.

Le ministre Hermann Gröhe envisage même la manière forte – la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) obligatoire – si la pédagogie n’est pas suffisante. Une mesure impensable pour beaucoup de parents qui ne tolèrent pas d’immixtion des pouvoirs publics dans l’éducation des enfants, certains allant même jusqu’à invoquer les précédents de l’embrigadement dans les jeunesses hitlériennes et communistes.

source : par DAVID PHILIPPOT
http://www.dna.fr/sante/2015/04/21/pourquoi-la-rougeole-est-revenue