Mais, indépendamment de la procédure belge en cours, d’où viennent ces accusations régulières de dérives sectaires ? Sur quoi sont-elles fondées ?
Et que représente la scientologie aujourd’hui, en Belgique ?

“Je me suis rendu compte un jour que je ne m’améliorais plus et que j’étais surendetté “. L’homme qui a accepté de nous confier son histoire est sorti de l’Eglise de scientologie en 2010. Il y a passé plusieurs années, avec sa femme et son fils.

Quand il claque la porte, il y a 4 ans, son fils décide de le rayer de sa vie. Cette homme [nous l’appellerons Cédric] a perdu des milliers d’euros et sa famille, dans une aventure qui était supposée le ” rendre meilleur “. ” Vous devez faire 20 heures de cours par semaine pour vous améliorer. Si vous n’y allez pas, on vous appelle. Ce sont des coups de fil incessants et permanents. ”

Des donations libres ou forcées ?

Si au début, tout est gratuit, très rapidement, les membres sont amenés à donner de petites sommes, qui deviennent de plus en plus importantes. “Ça peut coûter le prix d’une belle maison “, nous confie cette autre victime [nous l’appellerons René], qui a quitté l’Eglise il y a 8 ans.

Selon l’Eglise de scientologie, chaque membre est libre de faire des donations. ” D’ailleurs, l’Eglise rembourse la totalité des choses qui lui ont été données, quand elle reçoit des demandes de ce type “, explique Agnès Bron, directrice des relations publiques des Églises de Scientologie pour l’Europe. ”

On entend toujours les mêmes personnes dans les médias, c’est que les victimes ne sont pas aussi nombreuses qu’on le laisse entendre. La Belgique est l’un des pays les plus réfractaires à la scientologie, avec la France. ”

Si l’on entend ou lit surtout dans les médias des interviews du pianiste belge Alain Stoffen et de l’ancien cadre français de la scientologie Roger Gonnet, nous avons pourtant été en contact avec d’autres anciens de la scientologie qui se présentent comme des victimes de l’église.

Mais ils refusent de témoigner dans des médias audiovisuels, et exigent l’anonymat, de peur d’interférer dans des procédures judiciaires dans lesquels ils sont engagés à l’encontre de l’Eglise de scientologie, ou d’interférer dans le processus de remboursement de l’argent qu’ils ont donné pendant plusieurs années.

Nous avons eu confirmation que les victimes qui en faisaient la demande, pouvaient se faire rembourser –partiellement du moins- l’argent qu’ils avaient cédé en toute bonne foi.
” Cela s’appelle en effet une donation, nous confirme René, mais il y a des prix bien précis. Un livre, une heure de cours, coûtent un certain montant. ”

L’audition, l’électromètre : manipulation ?

L’ancien cadre français de la scientologie Roger Gonnet, est devenu l’un de ses détracteurs les plus acharnés. Même s’il a quitté les rangs dans les années 80’, il continue à s’informer, et aide les membres qui veulent quitter l’Eglise.

” Prenez l’électromètre, le dernier qu’ils ont sorti coûte 4800 euros. Alors que la technologie que ça représente est estimée à 200, voire 250 euros. Quand vous vendez ça 20 fois le prix, en racontant aux gens que grâce à l’électromètre, ils vont ” voir ” leurs pensées, les pensées des autres etc. Ça, c’est faux. C’est un mensonge et donc, ils sont en train de vous rouler. ”

L’électromètre est cet appareil utilisé par l’auditeur, qui sert à mesurer la tension électrique. Il est basé sur la croyance que la résistance électrique change en fonction de l’état mental du sujet. L’audition est l’une des bases de la scientologie.

” L’auditeur vous pose des questions à l’aide de l’électromètre. ” Cédric se souvient bien de la cascade de questions auxquelles il devait répondre : ” Etes-vous en relation avec un journaliste ? Avec un psychologue ? Avec un psychiatre ?

Avec une personne du gouvernement ? Avec une personne de la police ? Avec quelqu’un d’opposé à la scientologie ? ” Il interprète cette rafale de questions comme une peur d’être infiltré. ” Ils détestent les journalistes. ”

René explique qu’il était interdit de faire des recherches sur internet au sujet de la scientologie. ” Si l’auditeur se rendait compte que vous l’aviez fait, il envoyait la liste de vos réponses en éthique et vous étiez rappelé à l’ordre par l’officier d’éthique “. Roger Gonnet précise : ” l’officier d’éthique, c’est en quelques sortes le corps disciplinaire de la scientologie “.

Le réveil

” Le déclic, explique René, je l’ai eu quand ils ont essayé d’enrôler, de façon vicieuse, mes enfants, qui étaient mineurs. ” La prise de conscience de Cédric était plus progressive. ” De plus en plus de gens partaient, et tombaient malades du cancer. Parce que l’électromètre, vous y passez tous les jours ! ”

Le jour où il a quitté la scientologie, Cédric nous explique que l’Eglise a poussé son ex-femme et son fils à couper les ponts avec lui. Il avait perdu sa famille, et des dizaines de milliers d’euros.

On retrouve dans l’ensemble des témoignages recueillis, quatre ingrédients qui sont communément admis comme étant propres aux sectes : la séduction, la rupture sociale, la déstabilisation mentale, et les exigences financières.

La scientologie, peu mobilisatrice en Belgique

Le mouvement de la Scientologie a été fondé en 1954 par l’écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard et compterait 12 millions de membres, répartis dans 8000 églises et 165 pays. Il compte par contre assez peu de membres en Belgique.

” Nous avons 500 à 600 membres assidus dans notre église de Malines et 300 dans notre église au boulevard de Waterloo à Bruxelles “, nous explique Agnès Bron. D’autres sources évoquent le chiffre de 300 pour l’ensemble de la Belgique et insistent sur le fait que de nombreux membres sont importés d’autres pays européens.

Qu’elle ait 300 ou 1000 membres, c’est relativement peu. L’Eglise de scientologie occupe par contre deux bâtiments sur des artères prestigieuses de la capitale européenne.

L’un se trouve boulevard de Waterloo, l’autre est situé sur la rue de la loi, près des institutions européennes, qu’elle appelle son Bureau européen des affaires publiques et des Droits de l’homme. Il leur permettrait de défendre leurs intérêts auprès des parlementaires européens.

Nous en avons contacté plusieurs. Ils nous ont expliqué ne jamais avoir été approchés par l’Eglise de scientologie. Mais il lui arrive régulièrement de mener des campagnes de sensibilisation à l’usage de drogue par exemple, sans que son nom n’apparaisse sur les prospectus. Elle revendique d’ailleurs ses ” programmes d’action sociale dans la société “.

Une députée parlementaire européenne, disait d’ailleurs ceci, dans une cette question parlementaire en 2003 : ” L’installation du Bureau européen des affaires publiques et des Droits de l’homme de l’Eglise de Scientologie à Bruxelles et les pratiques de lobbying de celle-ci risquent de provoquer un amalgame entre les activités des Institutions européennes et celles des scientologues.

En effet, ceux-ci évitent de se présenter comme des membres de l’Église de Scientologie et profitent d’organisations satellites pour s’infiltrer au sein des Institutions européennes. ”

Simple religion ou organisation criminelle ?

La toute première enquête concernant l’Eglise de Scientologie, en Belgique, a commencé en 1997 lorsque plusieurs ex-membres avaient déposé plainte.

Le parcours judiciaire, lui, dure depuis 7 ans. Le parquet fédéral veut poursuivre la Scientologie comme organisation criminelle. Il l’accuse d’escroquerie, de pratique illégale de la médecine, violation de la législation sur la vie privée et extorsion

La Chambre du conseil de Bruxelles a décidé de remettre le prononcé de son ordonnance au 27 mars. Elle doit choisir si la scientologie sera poursuivie ou non, devant le tribunal correctionnel, et le cas échéant, les personnes et les sociétés qui devront comparaître.

source : par O. Leherte

http://www.rtbf.be/info/societe/det…t-elle-regulierement-mise-en-cause?id=8220624 benjaltf4_, Friday at 1:56 PM #1 Reply Like x 1 .