LE GRAND ANGLE DIPLO – La nouvelle a surpris jeudi mais c’est bien les fidèles de ce mouvement religieux qui ont été purement et simplement interdits de pratiquer leur religion par la Cour suprême de Russie.

Cela faisait des années que le pouvoir russe avait les témoins de Jéhovah dans le viseur. On se demande bien en quoi les 170.000 fidèles de cette Eglise peuvent être dangereux dans un pays où ils sont extrêmement minoritaires puisque l’Eglise orthodoxe russe recense près de 100 millions de pratiquants. Aux yeux de la justice, les témoins de Jéhovah sont des extrémistes qui se sont coupés de la société avec leurs propres règles dans le domaine de l’éducation et du travail et qu’ils représentent donc une menace à l’ordre public. Autrement dit, le pouvoir russe considère les témoins de Jéhovah, non seulement comme une secte mais comme un foyer d’extrémisme qui nuit à la stabilité de l’Etat. Conséquence du verdict de la Cour, le quartier général de l’organisation et ses 395 églises réparties dans le pays seront saisies et confisquées, les activités pastorales et évangéliques interdites et quiconque osera défier cette sentence sera passible de six à dix ans de prison.

Les témoins de Jéhovah, en Russie comme ailleurs, sont inoffensifs…
Cela dépend des pays. Aux Etats-Unis où ils sont nés au 19e siècle, ils sont tolérés et même respectés tant qu’ils respectent les règles d’un pays dans lequel la liberté de religion est extrêmement large. En France, ils sont surveillés car il y a eu des témoignages de membres affirmant avoir été sous influence ou menacés lorsqu’ils ont voulu quitter le mouvement. Mais il s’agit globalement d’une religion où la Bible est au cœur de tout et même s’ils sont assez méfiants vis-à-vis du monde extérieur, ils vont à sa rencontre en pratiquant un prosélytisme aussi pacifique que buté. Ce que ne supportent pas les autorités russes, c’est qu’il s’agit là de 170.000 citoyens russes qui ne votent pas, refusent de faire le service militaire, refusent de glorifier la violence d’Etat, l’annexion de la Crimée par exemple. Bref, ils sont considérés comme des adversaires politiques manipulés et étrangers à la culture russe. C’est donc un signal de plus du serrage de vis de la part d’un gouvernement autoritaire et de plus en nationaliste.

C’est ce que disent les organisations des droits de l’homme qui s’inquiètent désormais d’une menace de l’Etat russe vis-à-vis des minorités religieuses et des ONG. Il se trouve que des lois ont été votées contre les associations de défense des droits civiques ou pour la promotion de la démocratie dès lors qu’elles reçoivent le moindre kopeck de l’étranger, notamment des Etats-Unis. Idem pour la Fondation Soros qui a été fermée l’an dernier et qui risque de l’être cette année en Hongrie où la même démesure s’applique vis-à-vis des ONG étrangères sourcilleuses du respect de l’Etat de droit. En d’autres termes, cela s’appelle de la persécution.

source : Par François Clemenceau

http://www.lejdd.fr/international/europe/pourquoi-poutine-sen-prend-aux-temoins-de-jehovah-3307556