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QUOTIDIEN : jeudi 3 avril 2008
Face aux sectes à quoi sert l’Etat, en France, pays laïque, où il ne doit justement pas se mêler de religion ? La réponse est simple : il défend la liberté de croyance, mais celle-ci doit s’exercer dans le strict respect de la loi. C’est-à-dire «sans trouble à l’ordre public», sans danger pour les citoyens. Ce qui est essentiel dans le travail de la Miviludes est l’étude, la dénonciation des «dérives sectaires». De ce qui crée chez les individus des «états de sujétion» dangereux pour eux, psychologiquement ou financièrement.
Notre société complexe et inégalitaire, place de plus en plus d’individus en situation de faiblesse. Les sectes en profitent, mais leur stratégie s’est adaptée à la méfiance qu’elles suscitent. La plupart déploie des moyens de recrutement masqués, changent de nom selon les cibles visées, s’infiltrent dans les associations et les entreprises.
La Miviludes et les parlementaires concernés ont une fonction d’information et d’alerte essentielle qu’il faut préserver. Il faut faire connaître au plus grand nombre des Français les risques qu’ils courent à s’engager dans tel ou tel groupe dangereux. Ceux qui au nom de la liberté individuelle contestent ce travail pédagogique ne doivent pas oublier que l’Etat a aussi un devoir de prévention face à toute sorte de risques potentiels.
Informer n’est pas condamner. Et nul n’est tenu de mettre dans le même sac la scientologie et les groupes évangéliques. Mais ce n’est pas au nom du fameux adage ironique «qu’une religion, c’est une secte qui a réussi» qu’il faut laisser sans protection les plus fragiles d’entre nous.
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