Quand il a reçu madame Schommers, en 2002, dans son bureau de psychothérapeute, Louis Vliegen lui avait promis 80 %de chances de guérison. Pourtant, quelques jours plus tôt, le diagnostic d’un oncologue était tombé comme un couperet: cancer de l’estomac, sans chance de guérison.
« Mais qui est donc cet homme, ce génie méconnu, pour promettre des choses pareilles? », lance cyniquement à la barre, l’avocat de la famille Schommers, Me Jean-Philippe Rivière. Parmi la ribambelle de diplômes en psychologie et psychothérapies qu’arbore le prévenu, pas une trace d’un quelconque titre de médecin.
Ce mardi, au tribunal de Liège, les avocats des parties civiles, suivis par le procureur du Roi, ont demandé la condamnation de Louis Vliegen pour exercice illégal de la médecine et coups et blessures involontaires à l’encontre de Mme Schommers, décédée quelques mois après être passée entre ses mains.
Pour Me Rivière, tous les faits sont là, corroborés par les témoignages de la famille de la victime mais aussi par les auditions de Louis Vliegen lui-même : « Lorsqu’il dit que le cancer se rapporte à des conflits internes, à un problème avec son grand-père, c’est un diagnostic. Lorsqu’il indique qu’il suffit de les résoudre pour vaincre la maladie, c’est une proposition de traitement », dit-il.
En 2002, Louis Vliegen avait rendu visite plusieurs fois à sa patiente.
Lorsqu’elle vomissait du sang et que son visage devenait bouffi, il a reconnu lui avoir indiqué que ces phénomènes pouvaient venir d’un processus de guérison et d’élimination de la tumeur. « Le gonflement de son ventre était à comparer à une grossesse. Quant au manque de souffle, il le mettait en rapport avec sa peur, s’insurgeMe Rivière.
Même si l’on s’en tient aux strictes déclarations du prévenu, à toutes les pages du dossier, nous avons un diagnostic, un traitement, des pratiques relevant de l’art de guérir. »
Ces actes de pseudo-médecin, Louis Vliegen les a appliqués après avoir été formé en « biologie totale », un courant véhiculé par un médecin français Claude Sabbah et inspiré par les travaux du Dr Hamer, médecin allemand condamné pour exercice illégal de la médecine. Leur postulat: toute maladie résulte d’un conflit psychologique.
Six mois de prison requis Louis Vliegen, qui assure aujourd’hui s’être distancié de ces travaux, a été le porte-parole en Belgique de Claude Sabbah.
Pour le substitut du procureur du Roi, Jean-Marc Mottet, « les deux tiers de la clientèle de Louis Vliegen souffraient de pathologies graves comme la sclérose en plaques ou le cancer ». Pour lui, la mise en danger que représentent les actes posés par le prévenu au niveau de la santé publique exige qu’il écope d’une peine dissuasive de 6 mois de prison.
D’autant que Vliegen comparaît aussi pour homicide involontaire.
Une prévention que le procureur et les parties civiles veulent voir requalifiée en coups et blessures, puisque la victime souffrait déjà d’un cancer déclaré sans chance de guérison avant de consulter Louis Vliegen. Le substitut du procureur rappelle que cela n’ôte pas la responsabilité du prévenu dans le décès de Mme Schommers. « Le médecin qui l’a auscultée juste avant son décès indique qu’il n’avait jamais vu quelqu’un en si piteux état dans toute sa carrière. »
-Chloé Andries-
Le Soir
16/02/2011, page 9