Au deuxième jour du procès de la femme gourou, jugée devant le tribunal correctionnel de Dijon (Côte-d’Or) pour dérives sectaires, les actuels membres de la communauté dénoncent les accusations d’emprise.

Au procès de celle qui dit entendre la Vierge, les actuels membres de la communauté Amour et miséricorde ont opposé, mardi 23 novembre, « l’amour » et la « générosité » de la gourou accusée de pratiques sectaires, aux récits d’« emprise » faits par d’anciens adeptes, traités de « menteurs » et de « manipulateurs ».

Contrairement à ce que disent les accusateurs, il n’y avait « pas du tout » d’esclavage, assure à la barre une des membres de la communauté âgée 61 ans. « Les tâches étaient partagées, la cuisine, la vaisselle. On mettait tous la main à la pâte », affirme-t-elle.

Quant aux « punitions » dénoncées par les parties civiles, il s’agissait plutôt de « mises au point » afin de « régler des frictions », dit-elle. « Elles ne donnaient pas lieu à des punitions, mais à beaucoup d’amour et d’encouragement à faire mieux. » « Il n’y a pas eu d’emprise », assène-t-elle, en affirmant être « libre ».

Des membres de la communauté qui se disent libres

« J’ai toujours été en liberté. Je vais à droite, à gauche », renchérit une autre femme de 64 ans, également membre du groupe fondé en 1999 par celle qui dit recevoir la Vierge Marie tous les 15 du mois à 00 h 06. « Je ne comprends pourquoi ce procès a lieu », conclut-elle.

« Jamais personne ne m’a obligé à faire quoi que ce soit » dans « le groupe de prière », affirme un homme de 53 ans, qui dit avoir rejoint il y a vingt ans la communauté aujourd’hui installée à Petit-Noir (Jura), attiré par « sa liberté ». Démentant être « dans une secte », ce professeur de fitness, musclé et nerveux, récuse avec véhémence être « une personne vulnérable », comme l’ont dit certaines parties civiles.

Lundi 22 novembre, d’anciens adeptes ont fait le récit d’une vie « sous la coupe » de la femme gourou, l’accusant de se laisser « entièrement entretenir » par les membres de sa communauté, réduits à l’état d’« esclave » et contraints de « faire des dons ».

La prévenue, âgée de 67 ans, reste comme toujours impassible, assise dans un fauteuil roulant et reliée à une bouteille d’oxygène, visage masqué à peine visible sous une casquette.

Jusqu’à cinq ans de prison possibles pour les prévenus

À ses côtés, comparaît son complice, âgée de 75 ans, ancien membre de l’Église de scientologie et poursuivi, comme elle d’« abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne par dirigeant d’un groupement poursuivant des activités créant, maintenant ou exploitant la sujétion psychologique des participants ».

Dans une enquête jointe à l’épais dossier d’instruction de sept tomes, la Mission interministérielle chargée de la lutte contre les sectes (Miviludes) évoque des « dérives sectaires » et « un processus d’emprise sur les membres, de rupture avec l’environnement familial et social et de pressions financières ».

Dix parties civiles sont représentées à ce procès qui doit s’achever ce mardi 23 novembre après près de vingt ans d’une procédure qui a usé trois juges d’instruction. Les prévenus sont passibles de cinq ans de prison et 750 000 € d’amende.

source : https://www.ouest-france.fr/societe/justice/proces-de-la-femme-gourou-les-membres-de-la-communaute-dementent-toutes-derives-sectaires-fc373fe4-4c4a-11ec-bccc-b8f31b18ad36