PARIS, 16 juin 2009 (AFP) – Les avocats des scientologues parisiens
poursuivis pour escroquerie en bande organisée ont dénoncé mardi le « procès symbolique » et digne de « l’Inquisition » intenté à leur association, tout en stigmatisant la « mise à mort » requise par le ministère public.
Lundi, le parquet a créé la surprise en requérant la dissolution des deux
principales structures françaises de l’Eglise de Scientologie (ASES-CC et SEL), trois ans après avoir requis un non-lieu général dans ce dossier.
« C’est l’Inquisition. C’est Torquemada (le Grand Inquisiteur, ndlr), où l’on
identifie nos clients au diable! Et ce n’est pas le procès de la religion que
l’on veut faire? », s’est indigné mardi Me Alexis Gublin, avocat du « libraire » Didier Michaux.
« C’est un procès symbolique, mais pas un procès pratique », a soutenu Me Yann Streiff, qui défend l’ancienne présidente du Celebrity Centre, Sabine Jacquart.
« On vous monte une baraque et ça ne suscite aucune réaction », a-t-il lancé aux magistrates de la 12e chambre. « Seule la finalité de la condamnation prime », a-t-il regretté, considérant que l’Eglise de Scientologie n’était qu’un « bouc-émissaire ».
« Ils sont déjà coupables parce que scientologues et qu’on n’apprendrait aux scientologues qu’à mentir! », s’est plainte à son tour Me Aurélie Cerceau, qui défend la responsable des cures de purification Aline Fabre.
Mais surtout, a argué la défense, il ne revient pas à la justice de statuer
dans une affaire religieuse.
Pour Me Streiff, le tribunal « ne peut s’insérer dans l’acte de foi » et
condamner les scientologues. Car, selon la jurisprudence française, la
Scientologie est bien une religion, a-t-il martelé, avant de citer une décision en ce sens de la cour d’appel de Paris de 1980.
« Ce n’est pas à la justice de régler cette question », mais « au gouvernement ou au législateur », a plaidé l’avocate de Jean-François Valli, Me Virginie Benmayor.
« Si l’exécutif veut interdire la Scientologie, qu’il le fasse. S’il veut
interdire les ouvrages de Ron Hubbard (le fondateur de la Scientologie), qu’il le fasse, mais que l’on ne vous demande pas de prendre une décision politique », a renchéri son confrère Gublin.
Après s’être indignée contre « la peine extrêmement lourde » requise contre son client (trois ans avec sursis), Me Benmayor a assuré que les convictions de ce scientologue étaient « réelles » et « profondes ».
Dans la Scientologie, « il y a des croyances auxquelles on adhère ou pas,
mais pas d’agissements répréhensibles », a-t-elle conclu.
Par ailleurs, les différents conseils ont rappelé au tribunal qu’en matière
de « manoeuvres frauduleuses », il n’était saisi que des « tests de personnalité » diffusés par la Scientologie, mais en aucun cas des « électromètres » ou des « lettres de succès », brocardés lundi par le parquet.
« On est au-delà de l’ordonnance de renvoi » qui saisit le tribunal, a fait
remarquer Me Gublin. « Ce sont des éléments d’ambiance », a-t-il averti, « mais vous ne pouvez pas vous en servir pour qualifier une infraction pénale ».
Les plaidoiries de la défense doivent s’achever mercredi et la décision être mise en délibéré à plusieurs semaines.
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